"Nous aurons sûrement de bonnes nouvelles tout au long de ce salon. Il y a des contrats qui se négocient chaque jour et qui, sans doute, se concluront ici", a lancé un François Hollande optimiste, lundi, en ouverture du Salon du Bourget. Saluant "l'excellence française" en matière d'aéronautique, le chef de l'Etat venait donner le coup d'envoi du match Airbus-Boeing, qui a démarré sur les chapeaux de roue. À la mi-journée du salon, les deux constructeurs avaient déjà signé pour 19 milliards de dollars de commande.
Airbus en tête, pour l'instant. Et pour l'heure, c'est l'européen qui fait la course en tête. Airbus a déjà annoncé plusieurs commandes fermes pour environ 14,37 milliards de dollars, dont une de la compagnie saoudienne Saudi Arabian qui sera la première à opérer des A330-300, dont elle a commandé 20 exemplaires. Boeing a de son côté annoncé une commande ferme de Qatar Airways pour 14 long-courriers Boeing 777, dont dix 777X de nouvelle génération, pour 4,8 milliards de dollars.
De belles perspectives. Au précédent salon du Bourget en 2013, Airbus avait enregistré pour 39,3 milliards de dollars de commandes fermes alors que son rival de Seattle en engrangeait 38 milliards. Et cela ne devrait pas replonger de si tôt. Le trafic aérien mondial est passé de 100 millions de passagers en 1960 à un peu plus de 3 milliards en 2013 et doublera encore à "sept milliards en 2034", selon Randy Tinseth, vice-président chargé du marketing chez Boeing. Airbus estime les besoins des compagnies aériennes à environ 32.600 appareils sur les 20 ans à venir (+4% par rapport à la précédente prévision), soit un marché de 4.900 milliards de dollars.
ATR en tête des régionaux. Moins spectaculaire mais tout aussi réelle, la guerre des constructeurs d'avions de voyages régionaux a également débuté, avec notamment 46 commandes fermes et 35 options pour le franco-italien ATR (Airbus+ Alenia Aeronautica) d'une valeur totale de 1,98 milliard de dollars. Le canadien Bombardier a engrangé pour sa part la conversion par Swiss de 10 commandes de son CSeries, dont c'est la première présentation au Bourget.
Des commandes mais aussi du spectacle. Afin de mettre à l'aise leurs clients, les constructeurs ont redoublé d'inventivité pour assurer le spectacle lundi. Un 787 Dreamliner, dernier-né de la gamme Boeing, a notamment effectué un décollage quasiment à la verticale. L'appareil, un 787-9 aux couleurs de Vietnam Airlines, a effacé une partie de la piste de décollage peu avant 15H30 avant de se cabrer dans une "chandelle" presque à angle droit et de grimper rapidement vers les nuages. Cette figure, plus attendue d'un avion de chasse que d'un biréacteur long courrier, a provoqué de nombreuses exclamations dans le public.
Le matin, deux Alphajet de la Patrouille de France avaient déjà fait un passage au-dessus du salon, suivis de l'hélicoptère NH90 et de l'avion de chasse Rafale. L'avion de transport militaire A400M a aussi été mis à l'honneur, signant un des premiers vols à l'ouverture du salon. Le constructeur Airbus DS marque ainsi sa confiance dans l'appareil malgré le crash début mai d'un exemplaire en sortie des chaînes de montage à Séville (Espagne).