L'objectif est ambitieux. Les professionnels de l'aviation commerciale, réunis en ce moment au Bourget, visent une réduction de 50% de leurs émissions de CO2 d'ici 2050 (elles représentent aujourd'hui 2% des émissions mondiales). Un enjeu autant écologique qu'économique, le kérosène représentant l'un des principaux postes de dépenses des compagnies aériennes. Mais comment s'y prendre, alors que le nombre de passagers devraient passer de trois milliards par an à sept d'ici 2035 ? La réponse passe par l’avion électrique, les biocarburants… et des économies d'énergie en tous genres, selon les professionnels.
E-fan, l'avion électrique. C'est l'une des stars du salon du Bourget : l'e-fan, le petit avion électrique d'Airbus, 100% électrique. Il mesure six mètres de long pour 600 kilos, dispose de deux places à l’intérieur et de deux hélices à l’extérieur, qui tournent à l’énergie électrique. "En vol, la différence, c'est qu'il y a un certain confort sonore. Il y a très peu de résonnance, on se sent plus proche d'un vol en planeur que dans un avion classique", raconte au micro d'Europe 1 Didier Esteyne, le pilote de cet appareil. "Même lorsqu'on met les moteurs en route, ça ne fume pas, ça ne vibre pas, ça ne fait pas de bruit. Ca siffle un tout petit peu", témoigne-t-il.
L'e-fan, avion électrique @Airbus, va traverser la Manche le 10 juillet prochain ! #Salondubourget#COP21pic.twitter.com/O7OxOBy7If
— Ségolène Royal (@RoyalSegolene) 15 Juin 2015
Le point faible de l'e-Fan : ses batteries. Elles ont beau peser un quart du poids de l’avion, elles ne permettent que 50 minutes de vol. Il faudra des dizaines d’années avant de faire voler des avions de ligne sans carburant. L'avion électrique, même partiellement, n'est en effet pas attendu à la commercialisation avant 2030.
Les biocarburants se développent. En attendant, Airbus et Boeing dépensent environ 70 à 80% de leur budget recherche et développement pour trouver une alternative au pétrole. À court terme, il va certes falloir continuer d'utiliser du carburant. Mais il y en a des moins polluants que d'autres. Les avions sont désormais capables, sans rien changer aux moteurs, de mettre dans le réservoir 5 à 15% de carburant fabriqué à partir d’huiles végétale. Les constructeurs travaillent également sur le poids des avions. L’A320neo d’Airbus affiche une consommation de 15% moins élevée que son prédécesseur, plus lourd. Idem pour le 737 Max de Boeing. Quand les avions sont au sol, on peut également les faire rouler avec des moteurs électriques, plutôt que de brûler du carburant. En confiant la trajectoire des avions à des systèmes informatiques, on peut également raccourcir les trajets. La technologie est prête, selon les industriels. Reste à adapter la réglementation et les comportements des compagnies aériennes.
Il n'y a pas de petites économies de carburant. Côté compagnie, en attendant de s'équiper des modèles derniers cris, on se targue également de multiplier les efforts. "Air France a déjà pris une soixantaine de mesures", peut-on lire sur le site du magazine Capital. Qui développe : "la quantité d'eau varie en fonction de la durée du trajet. La répartition des bagages de soute entre l'avant et l'arrière a été optimisée. Formés à l'écoconduite, les pilotes mettent le contact au dernier moment et n'utilisent qu'un seul moteur durant la phase de roulage. En vol, ils réduisent légèrement la vitesse de croisière. A l'arrivée, ils privilégient les descentes en continu plutôt que par paliers". Résultat : la compagnie française aurait économisée 150.000 tonnes de kérosène par an.
Toutes les économies sont bonnes à prendre : chez GorAir (Inde), on reconnait ainsi privilégier le recrutement d'hôtesses à celui de stewards, car elles pèsent 20 kilos de moins en moyenne. Selon Challenges, Southwest Airlines (Etats-Unis) se targue d'avoir économisée 300.000 dollars de carburant en 10 ans en supprimant trois cacahuètes par paquet. Et chez Nippon Airways, on incite les passagers à aller aux toilettes avant de monter à bord, pour faire perdre, selon la compagnie, 30 centilitres de liquides corporels à chaque passager.