Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a annoncé jeudi une nationalisation temporaire de STX France afin de "défendre les intérêts stratégiques de la France", après l'échec des discussions avec le groupe italien Fincantieri. "Nous avons pris la décision d'exercer le droit de préemption de l'État sur STX", a déclaré le ministre lors d'une conférence de presse à Bercy. Cette opération est toutefois temporaire, les chantiers navals de Saint-Nazaire n'ayant "pas vocation" à rester dans le giron de l'Etat, a-t-il précisé.
La direction de STX déplore un "délai fâcheux". "Les chantiers de Saint-Nazaire sont un outil industriel unique en France. Nous voulions donc garantir aux salariés, mais aussi à la Région, aux clients, aux sous-traitants, à tous les Français, que les compétences exceptionnelles des chantiers en terme de construction resteront en France", a-t-il détaillé. La direction de STX France a dit prendre acte de la décision de l'État et la comprendre, mais déplore ce "nouveau délai fâcheux". "Ce nouveau délai est fâcheux car il prolonge une longue période d'incertitude qui est nuisible à notre entreprise, notamment au développement de nos activités nouvelles et au montage de nos financements", regrette dans un communiqué la direction.
Une nationalisation de 80 millions d'euros. Selon le ministre, qui s'est refusé au cours de son intervention à utiliser le terme de "nationalisation", la prise de contrôle de STX France "coûtera environ 80 millions d'euros à l'État". "La somme sera prise en charge par l'Agence des participations de l'État", a précisé Bruno Le Maire, assurant que l'État pourra "récupérer cette mise" dès que le gouvernement aura "trouvé une solution industrielle" avec l'Italie et le groupe italien Fincantieri, seul candidat à la reprise de STX France. Cela "doit nous donner le temps de négocier dans les meilleures conditions possibles", afin de "bâtir un projet industriel européen solide et ambitieux", a-t-il poursuivi.
Poursuite des discussions avec l'Italie. Bruno Le Maire avait lancé un ultimatum aux autorités italiennes mercredi, les enjoignant d'accepter "un contrôle à 50-50" des chantiers de Saint-Nazaire entre le groupe Fincantieri et les actionnaires français. Cet ultimatum avait été accueilli par une fin de non recevoir à Rome. "Cette proposition a été refusée par le gouvernement mais elle reste sur la table", a assuré jeudi Bruno Le Maire, qui a annoncé qu'il se rendrait mardi à Rome pour "reprendre la négociation". Le ministre a enfin dit avoir "bon espoir" de trouver les modalités de cet accord industriel et assuré vouloir "construire un projet européen à STX".
La France, qui dispose aujourd'hui d'un peu plus de 33% de STX France, avait jusqu'à vendredi minuit pour exercer son droit de préemption sur les 66% restants, actuellement détenus par le sud-coréen STX Offshore and Shipbuilding, la justice coréenne devant entériner samedi la revente des parts détenues par le groupe en difficulté.