Budget : le gouvernement se défend de toute «austérité»

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Le ministre de l'Economie et des Finances, Antoine Armand, et son collègue du Budget, Laurent Saint-Martin, se sont défendus vendredi d'avoir présenté un budget "d'austérité" pour 2025 malgré les baisses massives de dépenses envisagées, mettant en garde contre une "lecture pavlovienne" du texte.

Les ministres de l'Économie, Antoine Armand, et du Budget, Laurent Saint-Martin, ont défendu vendredi le projet de loi de finances (PLF) et le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025. Bien que les baisses massives de dépenses soient critiquées, ils refusent de qualifier ce budget d'austérité et appellent à une analyse plus nuancée.

Un budget en baisse, mais des dépenses en hausse

Le projet de budget pour 2025 prévoit une baisse de 41,3 milliards d'euros de dépenses, un chiffre impressionnant qui a suscité des réactions critiques , notamment de la part de l'opposition. Cependant, Antoine Armand a précisé que malgré ces réductions, les dépenses publiques continueront d'augmenter, bien qu'à un rythme plus modéré. Ce projet vise à réduire le déficit public à 5% du PIB, contre 6,1% en 2024, tout en maintenant une croissance économique modeste de 1,1%.

Les critiques venant de la gauche, qui dénonce une politique "d'austérité", se concentrent sur les suppressions de postes dans l’Éducation nationale et sur la taxe sur l’énergie. De l’autre côté, le Rassemblement National (RN) reproche au budget de manquer de "rupture" et qualifie le report de la revalorisation des pensions de "vol".

Hausse des impôts et soutien aux ménages modestes

Outre les réductions de dépenses, le budget 2025 prévoit également une hausse des impôts à hauteur de 19,3 milliards d'euros. Cette augmentation contribue à l’effort global de 60,6 milliards d'euros visant à redresser les finances publiques.

Antoine Armand a insisté sur les mesures de soutien social intégrées au projet. Par exemple, la revalorisation anticipée du Smic de 2 % à partir du 1er novembre 2024, ainsi que la revalorisation générale des prestations sociales, bien que reportée de six mois pour les pensions. De plus, une revalorisation des tranches de l'impôt sur le revenu permettra à environ 530.000 foyers de rester non imposables.

Le Haut Conseil des Finances Publiques (HCFP) a jugé les prévisions budgétaires du gouvernement "fragiles". Antoine Armand a qualifié cette critique "d'excessive", insistant sur la prudence des estimations du gouvernement. Laurent Saint-Martin, de son côté, a appelé à une approche plus rationnelle des dépenses publiques, en demandant pourquoi un budget en baisse est systématiquement perçu comme négatif.

Un effort budgétaire pour 2025

Laurent Saint-Martin a réaffirmé la nécessité de respecter l’effort total de 60 milliards d'euros en 2025 pour commencer à réduire la dette publique française. Le paiement des intérêts de cette dette pourrait en effet devenir le premier poste budgétaire du pays d'ici 2027, un risque que le gouvernement souhaite éviter.

Dans cet esprit, des amendements seront proposés pour économiser 5 milliards d'euros supplémentaires dans les ministères, à l'exception de ceux soumis à une loi de programmation. Une hausse de la taxe sur les billets d’avion, incluant les jets privés, est également à l’étude. Par ailleurs, des hausses budgétaires sont envisagées pour les ministères de la Justice et de l’Intérieur.

Pour clôturer les comptes de l’année 2024, un projet de loi de finances de fin de gestion sera déposé autour du 6 novembre. Ce texte devrait inclure l’annulation partielle de 16,5 milliards d'euros de crédits gelés par le précédent gouvernement, renforçant ainsi la volonté du gouvernement actuel de restaurer l’équilibre budgétaire.