Le bureau des procureurs de Tokyo a inculpé lundi Carlos Ghosn pour dissimulation de revenus perçus chez Nissan sur 5 ans, ont rapporté lundi des médias japonais, trois semaines après l'arrestation surprise du PDG de l'alliance automobile formée avec Renault et Mitsubishi Motors. Nissan a également été mis en examen en tant qu'entité morale, selon l'agence Kyodo et la chaîne publique NHK, le parquet jugeant que la responsabilité de l'entreprise était aussi engagée, car c'est elle qui a remis les rapports incriminés aux autorités boursières.
Son bras droit inculpé aussi. Le bureau des procureurs a décidé de mettre en examen Carlos Ghosn pour avoir omis de déclarer aux autorités boursières environ 5 milliards de yens (38 millions d'euros) de revenus sur cinq années, de 2010 à 2015. Son bras droit Greg Kelly, arrêté en même temps que lui, a aussi été inculpé.
Les mêmes charges mais de 2015 à 2018. De plus, la garde à vue de Carlos Ghosn a aussi été prolongée sur sur de nouveaux soupçons de minoration de revenus, cette fois entre 2015 et 2018.
Possibles abus de biens sociaux. Mais ce n'est probablement pas encore fini : le parquet pourrait se pencher sur de possibles abus de biens sociaux que Nissan reproche à son ancien patron, tels que l'usage de résidences de luxe aux frais du groupe. A ce sujet, le constructeur a indiqué dans un communiqué avoir fait appel d'une décision d'un tribunal brésilien autorisant à des représentants de Carlos Ghosn l'accès à un appartement situé à Rio de Janeiro, "afin d'empêcher la destruction de preuves éventuelles".
Ghosn nie toute malversation. Dans cette affaire, les rumeurs, spéculations, scénarios sont nombreux, et la parole officielle rare si ce n'est, au tout début, celle du patron exécutif de Nissan, Hiroto Saikawa, qui a d'emblée lâché son ancien mentor. Les procureurs ont pour l'instant communiqué a minima et la défense de Carlos Ghosn, menée par Motonari Ohtsuru, un ex-procureur spécialiste des grandes affaires financières, ne s'est pas publiquement exprimée. Tout juste sait-on que "le suspect Ghosn", comme l'a rebaptisé la presse nippone, nie toute malversation.