Carrefour supprime 2.400 postes : "On se dirige vers une catastrophe sociale"

Les salariés interrogés par Europe 1 sont inquiets du plan de transformation du groupe.
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François Geffrier, avec T.LM. , modifié à

En pleine transformation, le groupe a annoncé mardi matin la suppression de 2.400 emplois via un plan de départs volontaires. Chez les salariés et leurs représentants syndicaux, le malaise est palpable.

Carrefour dans la tourmente. La plus grosse entreprise privée de France, qui emploie 115.000 personnes en France, a dévoilé mardi matin un grand plan de transformation. Le groupe a annoncé la suppression de 2.400 postes via un plan de départs volontaires excluant des départs contraints. 

Des passages en location de gérance ? "Avec toutes les entreprises, c'est comme ça…", philosophe Thierry, 61 ans, employé dans un Carrefour Market et boucher depuis 40 ans. "Fin 2014, on a été bien dispersés : chacun a eu un secteur proche de son domicile donc pour l'instant il n'y a rien à dire", affirmait Rémy, cogérant d'un Carrefour City voisin et pas davantage alarmé à la veille de l'annonce, lundi. Selon Jean-Marc Robin, délégué syndical central chez Force ouvrière, le groupe s'apprête à faire passer des magasins en location de gérance. "Le magasin n'appartient plus au groupe Carrefour et sort donc de tous les accords sociaux négociés, une gymnastique légale qui permet à Carrefour de faire 20% d'économies sur les frais de personnel", anticipe le représentant syndical.

"Résultats à la traîne". La santé de l'entreprise n'est en tout cas pas bonne : de deuxième groupe mondial de la grande distribution en 2001, Carrefour est aujourd'hui passé à la 9e place. "On voit les résultats à la traîne par rapport à nos concurrents directs. Quand on essayait de redresser la partie hypermarchés, ils développaient le e-commerce, et là ça se voit", explique Luis Garcia, représentant FO au siège du groupe, à Massy, dans le sud de Paris. "La marque est reconnue par les clients, c'est un gage de qualité et de sérieux tout à fait solide. Mais une inquiétude peut naître", mesure Pierre Bareille, un de ses collègues.

"Malaise". "C'est plus que de l'inquiétude, car l'ensemble des salariés du groupe vit un véritable malaise. Dans les magasins de proximité, il y a une vraie détresse et dans les sièges, l'ambiance est super tendue : les gens se regardent en chien de faïence en se demandant qui va être mangé et en espérant que ça soit le voisin. Les montants annoncés [par le PDG Alexandre Bompard, NDLR] vont sûrement être astronomiques et on se dirige tout droit vers la catastrophe sociale", prévenait Jean-Marc Robin au micro d'Europe 1 avant l'annonce officielle. 

Un grand plan de transformation dévoilé mardi

Le groupe Carrefour a annoncé mardi vouloir accélérer dans le bio, ainsi que le commerce en ligne et de proximité, dans le cadre de son plan de transformation

Carrefour s'est fixé un objectif de 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans le commerce en ligne alimentaire et une part de marché supérieure à 20% en France d'ici à 2022, précise-t-il dans son communiqué. Carrefour veut également presque quadrupler son chiffre d'affaires dans le bio à 5 milliards d'euros en 2022, et ouvrir au moins 2.000 magasins de proximité dans les cinq prochaines années.