Poids lourds 1:38
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Mélina Facchin / Crédit photo : DENIS CHARLET / AFP , modifié à
La Collectivité européenne d'Alsace (CEA) a approuvé lundi à l'unanimité le principe d'une taxe poids lourds qui vise à diminuer le trafic de transit mais qui hérisse les acteurs économiques régionaux. Pour l'occasion, Europe 1 s'est rendue sur place, à la rencontre des entreprises prochainement impactées par la mesure. 

Bientôt une taxe poids lourds en Alsace ? Lundi, la collectivité européenne d’Alsace a voté pour ce principe à l’unanimité. La taxe, nommée R-Pass, devrait entrer en vigueur début 2027. Elle concernera tous les camions de 3,5 tonnes et plus, sur l’A35 soit un peu plus de 200 km de route du nord au sud de l’Alsace. Le montant exact n’est pas encore connu, mais il pourrait tourner autour de 15 centimes d’euros par kilomètre.

Une charge supplémentaire qui attise la colère des agriculteurs, présents dans les rues de Strasbourg, lundi, pour manifester. Mais aussi plus globalement de toutes les entreprises alsaciennes, qui empruntent bien plus souvent l’autoroute que les camions étrangers.

Vers une augmentation des charges ?

L’entreprise Alélor, 20 salariés, fabrique de la moutarde et du raifort depuis plus de 150 ans à Mietesheim, dans le nord de l’Alsace. Pour se fournir en matière première, livrer ses intermédiaires et ses clients, Alain Trautmann, PDG de l’entreprise, a besoin d’une dizaine de camions chaque jour.

Alors forcément, cette taxe poids lourds va augmenter ses charges. "Nous avons un impact de 50.000 euros annuel, ce qui n’est pas neutre sur un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros. Suppression d’emplois, je ne pense pas, par contre, il y aura une répercussion financière sur les produits. On estime qu’ils peuvent augmenter de 1 à 3 %. Pour un pot de moutarde, cela représentera entre 8 et 10 centimes", explique-t-il au micro d’Europe 1.

Et c’est donc le consommateur qui paiera ce surcoût, alerte Christophe Schmitt, représentant du Collectif pour la compétitivité de l’économie alsacienne (CCEA). Cette taxe représente "0,2 point de marge en moins en moyenne pour toutes les entreprises. Elles ne peuvent pas se le permettre ! Bien entendu que c’est le consommateur final qui paiera. Ce sera progressif : dans un premier temps, on estime que ce sera entre 100 et 150 euros environ par famille et par an. Mais cela peut monter jusqu’à 1.000 euros, surtout pour l’agroalimentaire", précise le spécialiste. C’est tout le tissu économique local qui sera touché par cette taxe, résume-t-il. Pas uniquement les agriculteurs ou les transporteurs.