C'est un changement très clair qui s'opère du côté d'Air France. Plus question de suppressions de postes ou de fermetures de lignes, exit les ultimatums. Place à un nouveau plan de compétitivité et au dialogue. Un comité central d'entreprise extraordinaire se tient vendredi matin et rompt avec la fermeté affichée jusque-là par la direction.
Un nouveau DRH. Cette inflexion s'explique d'abord par la meilleure santé financière d'Air France. Pour la première fois depuis huit ans, la compagnie aérienne a dégagé des bénéfices en 2015. Et la baisse du prix du pétrole, qui se poursuit, devrait l'aider à garder la tête hors de l'eau. Surtout, c'est un nouveau directeur des ressources humaines qui prend en main ces négociations. Gilles Gateau, ancien conseiller social de Manuel Valls à Matignon, rompu à la négociation syndicale, arrondit les angles.
Appliquer la méthode douce. Pour preuve, le nouveau DRH a pris le temps de rencontrer tous les syndicats un par un avant le comité central. Avec un objectif très clair : sortir de l'impasse le plus vite possible et éviter de reproduire les déplorables événements du 5 octobre dernier. Ce jour-là, le comité central d'entreprise avait tourné court et s'était soldé par l'agression du DRH de l'époque, Xavier Broseta, dont la chemise déchirée avait marqué les esprits.
Un préavis de grève levé. Le pari est déjà partiellement remporté. Sensible à la méthode douce de Gilles Gateau et à la promesse d'un "projet de croissance", la CGT a levé son préavis de grève pour le 28 janvier. Quant au SNPL, le syndicat des pilotes qui était jusqu'ici le principal opposant à la direction, il semble prêt à coopérer.
Les syndicats prudents. Le nouveau plan de compétitivité ne mentionne plus de suppressions de postes, ni d’efforts quantifiés. Le maître mot, désormais, c’est l'adaptation. Certes, il y aura toujours des objectifs de compétitivité, mais ils évolueront avec les performances de l'entreprise. Les syndicats restent néanmoins prudents, attendant de connaître le contenu précis des propositions de la direction. En levant son préavis de grève, la CGT avait prévenu : "de simples promesses et effets d'annonce n'auront pas raison de [sa] détermination et de [ses] exigences".