En difficulté après avoir perdu les commandes d'un important client de l'industrie pharmaceutique, le groupe de chimie fine Isochem, qui comprend 285 salariés sur quatre sites en France, va se déclarer en cessation de paiements fin juin, a-t-on appris mardi.
Des discussions entamés pour reprendre l'activité. L'entreprise, dont le siège social est installé à Vert-le-Petit, dans l'Essonne, va demander à la fin du mois la protection du tribunal de commerce d'Evry, afin de solliciter l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire début juillet, a déclaré à l'AFP une source proche du dossier. La direction a déjà entamé des discussions avec des industriels et des investisseurs pour reprendre l'activité "le plus largement possible" et reprendre "un maximum de salariés", selon cette même source.
Annulation brutale de commandes. Isochem est frappé de plein fouet par l'annulation brutale, au tournant de cette année, de toutes les commandes de son principal client, un groupe pharmaceutique américain sous contrat depuis des années avec Isochem et qui représentait "environ 35%" de son chiffre d'affaires annuel, a-t-on précisé de source proche du dossier. Il s'agirait du laboratoire pharmaceutique américain Gilead, qui aurait invoqué la baisse des perspectives de vente de ses médicaments contre l'hépatite C en Asie, selon Nasser Hammiche, délégué CGT du groupe interrogé par l'AFP, à l'issue d'un comité central d'entreprise.
Gilead dément. Sollicité par l'AFP, Gilead a toutefois démenti mardi soir avoir résilié son contrat de fabrication avec Isochem et avoir annulé des commandes à ce sous-traitant. "Gilead base ses commandes en fonction de ses besoins auprès de ses différents fabricants", a cependant ajouté le groupe dans une déclaration transmise à l'AFP.
Isochem venait d'atteindre l'équilibre. Ancienne filiale de la Société nationale des poudres et des explosifs (SNPE), Isochem a été cédée en 2010 au holding industriel allemand Aurelius AG. Après des années dans le rouge, des suppressions d'emplois et des cessions de filiales à l'étranger, la société venait d'atteindre l'équilibre financier l'an dernier, avec un chiffre d'affaires de 57 millions d'euros. La fabrication de principes actifs pour l'industrie pharmaceutique représente l'essentiel de son activité, mais l'entreprise est aussi un sous-traitant pour l'industrie cosmétique et pour l'agrochimie notamment.
"Il y aura de la casse". Outre Vert-le-Petit, le groupe possède trois autres sites en France : Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine, Pithiviers, dans le Loiret, et un petit site d'une quinzaine de salariés à Pont-de-Claix, en Isère, dédié à l'agrochimie, qui pourrait être vendu à part. Un repreneur pour ce dernier site avait déjà été recherché l'an dernier, en vain. "C'est très dur, on est inquiet pour tous les sites, il y aura de la casse (sociale, NDLR) obligatoirement", a ajouté Nasser Hammiche de la CGT.