Code du travail : "On avait cru comprendre, au moment de l'élection, que ça irait plus loin"

Edouard Philippe Muriel Pénicaud 1280
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Pour l'économiste Eric Heyer, interrogé par Europe 1, le gouvernement a su trouver un certain équilibre entre les revendications patronales et les inquiétudes des représentants des salariés.
INTERVIEW

Le gouvernement a dévoilé jeudi le contenu de ses ordonnances quant à la réforme du code du Travail. Plusieurs syndicats ont déjà fait part de leur déception, estimant que le projet de loi donnait l'avantage au patronat, au détriment des salariés. La CGT et Solidaires, qui appellent à manifester le 12 septembre, dénoncent ainsi une "casse sociale", tandis que la CFDT a estimé par la bouche de son secrétaire général, Laurent Berger, sa déception. "Tout n'est pas parfait, loin s'en faut", déclare de son côté Jean-Claude Mailly, leader de Force ouvrière. "Il y a certaines avancées pour le patronat mais on voit que les syndicats ont réussi à préserver un certain nombre de faits très importants pour eux", nuance pourtant au micro d'Europe Midi Eric Heyer, directeur du département Analyse et Prévision de l’OFCE.

Un texte équilibré ? "Il y a certaines avancées pour le patronat, dont le plafonnement aux prud'hommes […] mais le renforcement de la branche va plutôt dans le sens d'un certain nombre de syndicats. L'augmentation de l'indemnité légale de licenciement ne va pas non plus dans le sens du patronat", détaille cet économiste. "On avait cru comprendre, au moment de l'élection présidentielle, que ça irait plus loin dans la flexibilité et donc vers les revendications patronales", veut-il rappeler. "C'est finalement plus équilibré", déclare-t-il. 

" Ce n'est pas le code du Travail qui est responsable du chômage de masse "

Un gage pour Bruxelles. Pour Eric Meyer, ces dispositions ne seront pas le maître outil du gouvernement dans la lutte contre le chômage, mais d'abord un moyen de relancer la construction européenne en faisant valoir, aux yeux des autres membres, la volonté de la France de se réformer. "Le Premier ministre a bien rappelé que ce n'est pas le code du Travail qui est responsable du chômage de masse", souligne-t-il. "Avant ces réformes, on arrivait quand même à créer de l'emploi en France. Tout n'était pas bloqué par le code du Travail".

"Il y a, avec ces réformes et la volonté d'aller vite, une idée très européenne […] si on veut consolider la construction européenne il est indispensable, selon le président, de montrer que l'on reforme. Cela va être mis en avant par Emmanuel Macron lorsqu'il va discuter avec Bruxelles et notamment Angela Merkel : montrer qu'il réforme, qu'il s'attaque au déficit et que donc, en contrepartie, on peut aller plus loin dans l'intégration européenne", conclut Eric Meyer.