Un plan de trésorerie d’urgence pour les agriculteurs au bord du gouffre financier. C’est l’une des annonces fortes d’Emmanuel Macron lors de sa visite mouvementée au Salon de l’agriculture. Dès ce lundi, les préfets seront chargés de recenser les exploitations les plus en difficulté. Dans le même temps, Bruno Le Maire et Marc Fesneau vont rassembler les banques et les représentants des agriculteurs pour mettre en place ces aides. Mais à ce stade, les modalités de ce plan restent à définir. Quelles fermes concernées ? Quels critères pour obtenir les aides ? Beaucoup de questions restent encore sans réponse.
Malheureusement pour l'exécutif, les agriculteurs sont pressés. Ceux qui croulent sous les dettes n’ont pas le temps d'attendre. C'est le cas de Raphaël, éleveur bovin venu de Corse au Salon, qui ne cache pas son désarroi à Europe 1 : "On fait que ça attendre, il faut des preuves maintenant, il faut des actions, pas toujours des paroles. Sinon, c’est une question de temps pour qu’on parle de nous au passé".
Le gouvernement dans le flou
Le gouvernement, qui veut éviter de sortir le chéquier, semble encore dans le flou. Invité du Grand Rendez-vous Europe 1, CNEWS, les Echos, dimanche matin, le ministre de l'Agriculture s'est montré hésitant sur la marche à suivre pour mettre en place ce plan. "Vous allez demander aux banques de faire un moratoire. Mais il faut qu’on regarde avec eux quelle forme ça peut prendre. Est-ce que c’est un rééchelonnement, un moratoire, une prolongation ? Reporter une échéance, ce n’est pas forcément de la dépense supplémentaire seulement", a-t-il déclaré.
Facteur de confusion supplémentaire, les principaux syndicats agricoles sont favorables à la mesure. Mais divisés sur sa mise en œuvre. Patrick Legras, porte-parole de la coordination rurale, veut une année blanche pour les échéances bancaires des agriculteurs. "C’est une bonne solution, on saute une année qu’on repaye à la fin avec un peu d’intérêts. Mais c’est une bouée d’air pour ceux qui ont beaucoup d’investissements", explique-t-il.
De son côté, le vice-président de la FNSEA Luc Smessaert, réclame des prêts à taux bonifiés et des allègements de charges sociales. Mais surtout pas d’année blanche. "L’année blanche, on l’a fait en 2016. Pendant cinq ans on a étalé les paiements et quand on se retrouve deux années après avec une sécheresse, on ne sait pas faire face, donc, c’est simplement reporter le problème, ce n’est pas ce qu’on veut", indique-t-il. Des dissensions syndicales qui pourraient compliquer la tâche du gouvernement.