Depuis 40 ans, le Loto fait saliver des millions de joueurs. Mais à la fin, c’est surtout l’Etat qui gagne.
Le Loto fête vendredi ses 40 ans et s’il en est un qui peut lui souhaiter un bon anniversaire, c’est bien l’Etat. Car le jeu le plus emblématique de la Française des jeux (FDJ) rapporte beaucoup d’argent dans les caisses publiques.
34,8% de chaque grille lui revient. Malgré son âge, le Loto reste une valeur sûre : c’est le troisième jeu sur lequel les Français misent le plus, derrière le jeux de grattage Cash et les paris sportifs Parions Sports. En 2015, ces derniers ont acheté pour 1,536 milliard d’euros de grilles, dont une part non négligeable a atterri dans les caisses de l’Etat.
En effet, bien que les joueurs ne règlent pas de TVA lors de leurs achats de grille chez un buraliste, l’activité de la FDJ est bien soumise à des taxes et autres prélèvements : la société règle ces contributions sans que le joueur ne s’en aperçoive. L’Etat a ainsi récupéré 534 millions d’euros en 2015. Au final, lorsqu’un joueur joue 10 euros, 3,48 euros servent à financer l’Etat.
Sans oublier les dividendes, les impôts et tous les autres jeux. Mais le gain pour l’Etat ne s’arrête pas là puisqu’il récupère encore une partie de l’argent du Loto par deux autres biais. Il y a d’abord les dividendes que la FDJ lui verse, l’Etat détenant 72% de son capital : environ 10 millions d’euros en 2015 pour le seul loto. Et à peu près autant au titre de l’impôt sur les sociétés.
Au total, le Loto rapporte donc environ 550 millions d’euros par an à l’Etat. Mais ce n’est qu’une infime partie des revenus générés par la FDJ : le Loto ne représente "que" 11% de son chiffre d’affaires. En incluant tous les autres jeux d’argent, l’Etat a récolté près de 3,1 milliards d’euros en 2015. Ainsi que 98,64 millions d’euros en dividendes et 89,9 millions d’euros au titre de l’impôt sur les sociétés. Soit un total de 3,3 milliards d’euros en 2015 : on comprend mieux pourquoi les jeux d’argent sont souvent appelés l’impôt des pauvres.
L’Etat pousse-t-il au crime pour gagner plus ? Face à de tels enjeux financiers, l’Etat pourrait être tenté d’inciter les Français à toujours jouer davantage, au risque de favoriser l’addiction aux jeux d’argent. Mais il n’en serait rien, à en croire un rapport parlementaire réalisé en 2006 par le Sénat. "Il semble que ces inquiétudes ne soient pas justifiées", déclarait alors l’auteur de ce rapport, le sénateur UMP François Trucy.
"En 2005, l'examen des éléments concernant l'opérateur FDJ et ses joueurs montre bien que ces derniers ne dépassent pas la moyenne européenne de dépense de jeu/habitant alors que précédemment ils étaient en deçà", poursuivait-il, avant de conclure : "votre rapporteur est parvenu à la conclusion que ‘jamais l'Etat ne pousse à développer le jeu pour alimenter ses caisses’, au terme de ses recherches et de ses recoupements dans ce domaine qui relève de l'éthique. L'Etat semble tenir, au moins dans ce secteur, un langage assez pondéré et se placer en promoteur sincère d'un développement compétitif, certes, mais responsable."