La Russie a décidé mercredi de fermer ses 4.000 kilomètres de frontières terrestres avec la Chine, tandis que la liste des compagnies aériennes qui coupent leurs liaisons avec Pékin ou Shanghai n’en finit pas de s’allonger. Face à l'épidémie de coronavirus, le quatrième plus grand pays du monde se voit petit à petit coupé du reste du globe. Cet isolement fait craindre un risque de paralysie des chaînes de production, notamment dans la tech, car dans notre monde globalisé, il suffit que certains composants commencent à manquer pour que tout s’arrête.
La région de Wuhan, au cœur de l’épidémie, concentre par exemple 9% de la production mondiale d’écrans plats, y compris d’écrans de téléphones portables. Prenez Apple : près de 300 de ses 800 grands fournisseurs mondiaux se trouvent dans des provinces chinoises qui ont subi des problèmes de production. Le constat est similaire dans le secteur automobile. Il suffit qu’un maillon de la chaîne de production soit affecté pour que les conséquences se fassent sentir à l’autre bout du monde.
Garantir la continuité des chaînes de production face aux crises et aux replis protectionnistes
Cette situation pourrait inciter les industriels à produire plus localement. Une alerte du même type s’était déjà présentée lors du tsunami au Japon en 2011 : des usines avaient dû fermer à l’autre bout de la planète car elles dépendaient d’une pièce fabriquée au Japon qui n’était plus livrée. Mais deux autres raisons invitent également les entreprises à relocaliser leur production.
Tout d’abord, la tendance globale à remonter les droits de douane, - conséquence de la politique menée par Donald Trump avec certains des partenaires économiques des Etats-Unis - incite à réorganiser les chaînes de production pour que les fournisseurs soient plus proches. Enfin, le souci de réduire l’empreinte carbone encourage les industriels à limiter les transports de marchandises. L’épidémie du coronavirus pourrait donc avoir pour effet d’accélérer ces deux tendances.