Comment Renault prépare l'après-Carlos Ghosn

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Nicolas Barré et Emmanuel Duteil, édité par Thibaud Le Meneec , modifié à
En prison depuis le 19 novembre, le patron du constructeur français a de nouveau été mis en examen, vendredi, au Japon. Sa succession se précise.
ON DÉCRYPTE

Voilà près de deux mois que Carlos Ghosn est incarcéré au Japon, soupçonné d'avoir dissimulé des revenus et d'être responsable de malversations au sein de Nissan. Vendredi, l'avenir du patron de Renault s'est encore assombri : avec deux nouvelles inculpations, il est désormais poursuivi pour abus de confiance et pour avoir minoré ses revenus dans des rapports boursiers du constructeur japonais, entre 2015 et 2018. 

Pas de fraude chez Renault… Jeudi, le conseil d'administration de Renault s'est réuni, avec l'affaire Carlos Ghosn comme décor omniprésent. Plusieurs hauts dirigeants ne cachent pas leur trouble par rapport aux libertés que Carlos Ghosn avait pu prendre avec les règles ces dernières années chez Nissan. Y avait-il les mêmes problèmes chez Renault ? Apparemment non, selon une enquête interne qui n’a rien donné. Les administrateurs ont été informés jeudi de ses conclusions : les rémunérations des principaux dirigeants du groupe sur 2017 et 2018 ont été passées au crible et il n’y a eu aucune fraude.

… mais un manque indéniable à la tête de l'entreprise. Carlos Ghosn va-t-il pour autant rester longtemps le patron de Renault ? "On s'approche du moment où son absence ne peut pas durer plus longtemps", lâche une source très proche du dossier auprès d'Europe 1. Même si une gouvernance intérimaire a été mise en place, il manque une personne de poids pour incarner l'alliance et peser face à Nissan. Il manque aussi une personne capable de prendre les grandes décisions stratégiques pour l'avenir de Renault. Le comité des nominations devrait bientôt, selon nos informations, lancer ses recherches pour trouver la perle rare.

Le CV de la personne qui va succéder à Carlos Ghosn est déjà prêt. Il faut :

  • posséder un profil international
  • avoir géré une grosse entreprise privée
  • bien connaitre l'automobile et le marché japonais
  • être français(e) serait un avantage

Quels noms pressentis ? Parmi les noms qui circulent, celui de Jean-Dominique Sénard revient régulièrement. Il va d'ici quelques semaines quitter la direction de Michelin, et il pourrait former un tandem avec l’actuel directeur général de Renault, Thierry Bolloré. C'est un bon profil, reconnait-on dans les couloirs de Bercy. On parle aussi de Didier Leroy, numéro 2 de Toyota, ou encore de Patrick Pélata, ancien numéro 2 de Renault. Artisan de la relance de Nissan, fin connaisseur du Japon, il coche lui aussi pas mal de cases.

La nécessité de l'alliance. En tout cas, il faut aller vite, car l'avenir de l'alliance et donc du premier constructeur mondial en dépend. Une alliance nécessaire aux yeux des Japonais, qui l'ont réaffirmé jeudi en marge du conseil d'administration de Nissan. Dans ce basculement entre ancien et nouveau monde, avec la suppression de milliers d'emplois et l'investissement de sommes folles dans la voiture connectée et/ou hybride, Nissan, Renault et Mitsubishi sont bien conscients qu'il faut rester ensemble pour rester au sommet du marché mondial.