Ils s’étaient accordés quatre mois pour baliser le terrain et peaufiner leurs propositions. Syndicats et organisations patronales se retrouvent vendredi à la table des négociations pour tenter de sauver les régimes de retraites complémentaires de la faillite. Malgré ce délai de réflexion, tous annoncent des discussions difficiles car les points de vue restent très éloignés.
Des négociations pour sauver l’Agirc-Arrco. Une fois leur carrière finie, les salariés du privé bénéficient d’une retraite à deux étages : une pension de base versée par l’Assurance-vieillesse et une pension complémentaire versée par les régimes Agirc et Arrco. Et cette dernière est loin d’être anecdotique : les pensions complémentaires représentent approximativement un tiers de la retraite totale des non-cadres et deux tiers de celle des cadres.
Sauf que ces régimes dépensent plus d’argent qu’ils n’en encaissent : le chômage réduit le montant des cotisations tandis que l’allongement de la durée de vie et le départ à la retraite de la génération du baby-boom fait grimper les dépenses. Les comptes sont dans le rouge, avec un déficit cumulé de plus de 3 milliards d'euros en 2014 et, si rien n'est fait, leurs réserves financières seront épuisées d'ici à 2018 pour l'Agirc, 2027 pour l'Arrco. Et les cadres verraient leurs pensions complémentaires amputées de 11% dès 2018.
Ce que proposent les organisations patronales. Pour le Medef, la solution passe par un report de l’âge de départ à la retraite au-delà des 62 ans que prévoit la loi depuis 2011. C’est du moins la conséquence de ce qu’il propose : instaurer un système de bonus-malus afin de dissuader les salariés de partir à 62 ans.
Il s'agit d'ailleurs plutôt d'un système de malus-bonus : dans le détail, un néoretraité verrait sa pension complémentaire amputée de 25% s’il part à 62 ans et de 15% s’il part à 63 ans. Il devrait attendre 64 ans pour percevoir une complémentaire normale et, s’il attend un peu plus, il aurait même une pension majorée. Encore faut-il avoir un emploi à cet âge-là.
Face à l'opposition que suscite cette proposition, le Medef a proposé vendredi de l'alléger pour un salarié prenant sa retraite à 62 ans : la retraite complémentaire serait amputée de 15% la première année, 12% la seconde et 10% la troisième, avant de retrouver une retraite à taux plein à 65 ans.
Ce que proposent les syndicats. Ces derniers refusent catégoriquement d’explorer cette piste que revient à remettre en cause l’âge légal de départ à la retraite. "Il est hors de question pour la CFDT de se servir de cette négociation pour une remise en cause de l’âge légal", a réagi le secrétaire général Laurent Berger, estimant que l’effort ne doit pas être supporté par les seuls salariés.
A la place, les syndicats proposent une hausse des cotisations pour équilibrer les comptes, une augmentation qui serait répartie entre les salariés et les entreprises. La CFDT propose notamment la mise en place à partir de 2019 "d'une contribution de solidarité intergénérationnelle" de 4% assumée pendant deux ans par les nouveaux retraités. En contrepartie, il demande aux entreprises d'augmenter leurs cotisations, ce que ces dernières refusent.
Faute d'un consensus sur des mesures à long terme, un accord à minima portant sur des économies, comme une sous-indexation des pensions par rapport à l'inflation jusqu'à l'horizon 2019, pourrait être recherché. Les partenaires sociaux sont censés trouver un accord d'ici la fin de l'année, mais les négociations pourraient déborder sur 2016.