Comment savoir si votre poisson est issu de la pêche durable ?

  • Copié
avec , modifié à

Selon une enquête de l’UFC-Que Choisir, deux tiers des poissons vendus en supermarché sont mal étiquetés. Un problème pour les consommateurs soucieux de la pêche durable.

Acheter des fruits et légumes bio, consommer local et préférer les viandes françaises : autant de pratiques qui sont devenues des habitudes pour une bonne partie des Français au moment de faire leur courses. On ne peut pas en dire autant du poisson : selon une étude menée par le label MSC, le respect de l'environnement n’est que le 7ème critère d’achat. Mais les consommateurs ne sont pas aidés : une vaste enquête de l’UFC-Que Choisir révèle lundi que la quasi-totalité des poissons vendus en grande surface ne sont pas issus de la pêche durable (qui respecte les stocks). Quelques réflexes permettent malgré tout de rendre sa consommation plus responsable.

Un étiquetage approximatif. L’enquête menée par l’UFC-Que Choisir dans 1.134 poissonneries de supermarchés et d’hypermarchés est édifiante. Dans un magasin sur quatre, l’étiquetage des poissons (cabillaud, bar et sole) est illisible. Sur ce point, Cora (50%), Intermarché (37%), Auchan (32%) et Système U (30%) font office de mauvais élèves. Globalement, deux tiers des poissons ont un étiquetage "manquant, fantaisiste ou trop vague". Intermarché décroche la "palme" avec 77% de poissons mal étiquetés, devant Système U (76%), Leclerc et Casino (67%). Difficile pour le consommateur de s’y retrouver dans ces conditions.

D’autant plus que, même quand elle est lisible et complète, l’étiquette n’indique pas forcément si le poisson est issu de la pêche responsable. La réglementation européenne n’impose en effet que cinq informations sur les étiquettes : nom usuel, nom scientifique, méthode de production (pêche ou élevage), zone de pêche ou pays de provenance et technique de pêche. Mais rien n’oblige à informer le consommateur de la durabilité du poisson. Un manque de renseignements préjudiciable : selon l’UFC-Que Choisir, 86% des cabillauds, bars et soles de grande surface ne sont pas durables.

Des labels et des applis pour s'orienter. Alors, comment s’y retrouver dans les rayons ? D’abord, il est possible de se tourner vers des poissons gratifiés d’un label écologique. Le plus connu est le label MSC, délivré par l’ONG Marine Stewardship Council (en français "Conseil pour la bonne gestion des mers"). Elle contrôle minutieusement les pêcheurs et les produits en amont, sur la base de critères variés, puis renouvelle l’opération tous les ans. Elle vérifie notamment que l’entreprise de pêche n’exerce pas sur une zone surexploitée, et qu’elle respecte des méthodes de pêche non néfastes pour l’environnement (la ligne et le filet plutôt que le chalut). Depuis 2017, FranceAgriMer délivre également aux pêcheries et aux industriels le label public "Pêche durable".

Pour avoir un complément d’information, les applications "Planet Ocean", de l'ONG SeaWeb Europe et de la Fondation Goodplanet, et Etiquettable (non centrée sur la mer), permettent d’approfondir la question de l’empreinte écologique des poissons. Produit par produit, ces applications indiquent les régions du monde à privilégier pour éviter de vider les réserves des océans. L’UFC-Que Choisir milite de son côté pour une solution plus directe, en l’occurrence "que l’étiquetage réglementaire intègre un indicateur explicite de la durabilité du poisson".

Respecter les saisons et varier sa consommation. Autre solution, un peu plus fastidieuse : se renseigner soi-même sur les zones de pêche. Derrière les indications géographiques parfois très vagues se cachent des différences de durabilité. Prenons l’exemple du cabillaud : au sein de l’Atlantique nord-est, la mer de Norvège, l’Islande ou encore la mer de Barentz sont considérées comme des zones durables, ce qui n’est pas le cas de la mer Baltique, de la mer du Nord et de la Manche. Dans le cas de la sole, privilégiez la mer du Nord, l’Islande ou les Féroé mais évitez la Manche, la Baltique, le Portugal et la Méditerranée. En revanche, il n’y a pas du tout de zone durable pour la pêche du bar dans l’Atlantique nord-est et la Méditerranée. N’hésitez pas à demander ces informations à votre poissonnier.

Il faut également savoir que, comme les fruits et légumes, les poissons sont soumis au rythme des saisons, pour des questions de reproduction. S’il est possible de manger de la daurade et du merlu toute l’année, ce n’est en revanche pas le cas du lieu jaune, qu’il vaut mieux consommer de janvier à avril, ou de la sardine, idéale d’avril à octobre. Respecter les saisons permet de contribuer au renouvellement naturel des stocks de poisson. Enfin, mieux vaut diversifier sa consommation pour se tourner vers des espèces aux contingents plus fournis, comme le merlan, le hareng et le maquereau.