Boire du café va-t-il devenir un luxe ? Les cours des prix flambent, alors que la demande mondiale poursuit inexorablement sa croissance. Et les effets du réchauffement climatique sur la production accentuent le phénomène.
Au saut du lit, après le déjeuner ou le dîner… Le café accompagne notre vie quotidienne. Indispensables pour certains, ces petites graines pourraient rapidement devenir inaccessibles. Ainsi, le cours d'Arabica, qui compte pour plus de 70% de la production mondiale, est au plus haut depuis 1997. Même chose du côté du robusta, qui a battu tous les records ces derniers mois , puisqu'il a atteint les 5.900 dollars la tonne en septembre dernier, avant de redescendre progressivement. Problème, depuis le début du mois de novembre, son cours repart à la hausse. Mais pourquoi le café bat-il tous les records ces derniers mois ?
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Hausse de la consommation...
La première réponse est à trouver du côté de la consommation mondiale. Si depuis 30 ans, la consommation européenne et nord américaine progresse lentement, du côté des pays en voie de développement, l'augmentation est flagrante. Notamment en Chine avec une hausse de près de 40% rien qu'entre 2019 et 2023. Le phénomène est similaire (mais dans une moindre mesure) aux Philippines (+13% sur la même période) et dans quelques pays riches, comme au Canada (+10%). L'apparition de la classe moyenne favorise largement l'explosion de la consommation, alors que le café peut être vu comme un symbole de cette dernière. Mais le changement climatique est aussi un des moteurs de l'explosion des prix de l'autre or noir. D'autant que cette année, le climat n'a pas été favorable aux cultures en Amérique du Sud.
... Et des catastrophes climatiques
Ainsi, le Brésil a connu des pluies tardives en 2024, provoquant de nombreuses incertitudes quant à sa production d'Arabica pour 2025-2026. Un problème, alors que le pays annonce régulièrement des baisses de productions ces dernières années. Pour cette saison, il devrait manquer environ 4 millions de sacs à l'appel, selon le cabinet de conseil brésilien Safras. Les premières projections faisaient état de 70 millions de sacs produits. Finalement, cela devrait tourner autour de 66 millions.
Et en Colombie, autre géant de la production, le phénomène climatique El Niño a fait aussi baisser le rendement des cultures. Autant de mauvaises nouvelles, qui favorisent l'augmentation des prix. À l'autre bout du monde, la situation n'est guère mieux puisque le Vietnam, deuxième producteur mondial de café derrière Brasília, a, lui aussi, connu une sècheresse exceptionnelle. Conséquence, la production du pays cet été a été divisée par deux. Face à la multiplication des effets climatiques, les pays du G7 ont décidé d'acter la création d'un fonds mondial pour soutenir l'industrie du café. Dans un premier temps, l'aide sera testé dans quelques pays d'Afrique, avant une potentielle mise en place en Amérique du sud et en Asie.