Le ministre de l'Économie et des Finances Michel Sapin a reconnu vendredi sur Europe 1 que la croissance française n'atteindrait pas 1,5% en 2016, comme espéré dans un premier temps. "Je pense qu'elle sera de 1,4%. C'est en tout cas le chiffre que nous retiendrons pour cette année comme hypothèse", a avoué Michel Sapin.
"Le haut de la fourchette". Il n'est pas acquis pour autant que la France remplisse cet objectif rabaissé de croissance économique. Dans un avis publié vendredi, le Haut Conseil des finances publiques en estime effet que, en ramenant de 1,5% à 1,4% son objectif de croissance pour 2016, le gouvernement est "dans le haut de la fourchette des prévisions disponibles". Toutefois, l'institution considère que la prévision à 1,4% est "atteignable".
Consensus autour de 1,3%. Si le doute persiste, c'est notamment par crainte d'un trop grand optimisme. Même minorée à 1,4%, la prévision de croissance du gouvernement reste supérieure à toutes les autres estimations (à l'exception de la Banque de France). En effet, la Commission européenne, l'OCDE et le FMI tablent tous les trois sur une croissance de 1,3% en France, en 2016. Jusqu'en septembre, le gouvernement pouvait encore compter sur l'Insee, qui envisageait alors une croissance de 1,6% cette année. Mais l'institut a fini par se raviser début octobre et à son tour, a abaissé sa prévision de croissance à 1,3%.
Tendance lente. François Hollande et son gouvernement sont désormais les seuls à croire à une croissance de 1,4%. Or, le timing est serré. Après un beau début d'année - +0,6% au premier trimestre - le PIB s'est contracté de 0,1% au deuxième n'est que légèrement reparti de l'avant au troisième (+0,2%). Résultat, l'Insee estime que la croissance déjà acquise cette année est de 1,1%. Mais la dynamique poussive des derniers mois ne rend pas automatique l'obtention des trois dixièmes de point restants pour corroborer l'objectif du gouvernement.
Un changement sans grandes conséquences ?
Abaisser sa prévision de croissance, même d'un dixième, n'est pas sans conséquences. Concernant le chômage, Michel Sapin a soutenu sur Europe 1 que ce changement n'aura pas de conséquences grâce aux créations d'emplois dans le privé, "jamais aussi nombreuses depuis la crise." S'agissant du déficit public, établi en fonction des prévisions de croissance, le Haut Conseil des finances publiques considère comme "réaliste" la prévision de 3,3% du PIB pour fin 2016, qui a été avalisée récemment par la Commission européenne, même si "elle conditionnée à une stricte gestion des dépenses en fin d'année".
Une révision pour 2017 ? En réalité, les conséquences pourraient plutôt se faire sentir l'an prochain. Faute d'enclencher une dynamique de croissance suffisante, les prévisions du gouvernement pour l'an prochain pourraient être à nouveau trop optimistes. Pour 2017, la France table sur une croissance de 1,5%, un niveau très supérieur au consensus des prévisions, de 1,3% à 1,4% selon les différents organismes et institutions.