À quoi ressemblera le centre commercial de demain ? Qu’y ferons-nous, nous consommateurs ? Y passerons-nous plus ou moins de temps qu’aujourd’hui ? Autant de questions auxquelles les temples de la consommation s’efforcent actuellement de trouver la réponse, à l’heure où la concurrence d’Internet se fait toujours plus féroce. "Il faut continuer à réinventer les centres commerciaux, faire en sorte les magasins deviennent plus rigolos, que le shopping devienne une expérience", précise à Europe 1 Jean-Marc Jestin, président du directoire de Klépierre, société qui gère une cinquantaine de centres commerciaux en France, dont Belle-Épine, Saint-Lazare, Val d’Europe, Le Prado à Marseille…
Offrir de nouveaux services. En France, les centres commerciaux restent encore principalement des lieux d’achat. Mais, ailleurs en Europe, Klépierre "travaille beaucoup sur l’évolution des centres commerciaux pour faire en sorte qu’ils soient moins fermés sur eux-mêmes". "Au Portugal, on a ouvert un hôpital dans un centre commercial. Au Danemark, la plus grande école philharmonique de Scandinavie vient de s’implanter dans notre centre de Copenhague. On a aussi du loisir avec des murs d’escalade, des simulateurs de chute libre…", illustre Jean-Marc Jestin, invité de l’interview éco d’Emmanuel Duteil, vendredi sur Europe 1. "Ce sont autant de raisons pour les consommateurs de venir dans les centres commerciaux, en plus du shopping."
Écoutez l'interview intégrale de Jean-Marc Jestin à 22h20 dans le journal de la nuit d'Isabelle Millet. Le replay de l'émission est à retrouver ici.
Des nouveautés qui pourraient arriver très vite en France, d’autant que les consommateurs sont de moins en moins attirés par les centres commerciaux. "En France, ils restent des places fortes, notamment dans les villes comme "Marseille, Bordeaux, Toulouse où on peut regrouper 200 enseignes au même endroit", estime Jean-Marc Jestin. "Avec des loisirs, de la restauration et des nouveaux services comme ceux que nous mettons en place, les centres commerciaux ont de l’avenir", veut croire le patron de Klépierre.
Le retour des services de proximité. Mais pas besoin d’aller chercher des activités extravagantes pour attirer les clients. L’avenir des centres commerciaux passe aussi par les services de proximité. "Les centres commerciaux ont toujours été des lieux de vie. Si on revient 25 ans en arrière, on y trouvait des centres médicaux, des pharmacies, des bureaux de poste…", rappelle Jean-Marc Jestin. "Et puis ça a un peu disparu, remplacé par l’équipement de la maison et le prêt-à-porter, surtout féminin. Aujourd’hui, ce sont deux secteurs qui souffrent de la concurrence d’Internet donc on voit réapparaître tous ces services qui avaient été sortis des centres commerciaux", souligne-t-il.
Savoir attirer les marques "rares". Mais le principal attrait des centres commerciaux restent évidemment les boutiques. Sur ce point, Klépierre et ses concurrents se battent pour attirer les marques les plus "rares". "Nous avons 1,1 milliard de gens qui viennent chaque année dans nos 150 centres commerciaux. Une affluence qui nous permet d’attirer les enseignes les plus 'trendy', les plus attractives pour les consommateurs", assure Jean-Marc Jestin. "On est le premier bailleur mondial pour des groupes comme Zara, H&M, Primark, Sephora. Et on en est très fiers."
Mais qui seront les Zara et les Primark de demain ? "On a des concepts autour de la beauté, comme Rituals, MAC ou Lush, qui marchent très bien. Il y a aussi tout ce qui a trait au sport, que ce soit l’équipement ou l’habillement", pointe le patron de Klépierre. "On est à la pointe de la recherche sur ces nouvelles enseignes. À titre d’exemple, le premier Victoria’s Secret d’Europe a ouvert dans notre centre commercial à Milan", se réjouit-il. Et Jean-Marc Jestin d'annoncer que le premier magasin Victoria’s Secret de France (hors-aéroports) ouvrira "très bientôt à Val d’Europe".
La technologie va bouleverser nos achats. Enfin, dernier axe d’évolution pour les centres commerciaux : le digital. "On parle de magasins où on ne passe plus par les caisses pour payer mais, par exemple, par la reconnaissance faciale ; de la réalité augmentée peut permettre de tester des tenues sans les essayer…", avance Jean-Marc Jestin. "Je crois que la technologie va redonner un sens aux boutiques."