Les dépenses de santé vont-elles faire perdre du pouvoir d'achat aux Français en 2024 ? C'est la crainte d'Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé, qui estime que les augmentations des mutuelles prévues de 8 à 10% ne sont "pas tenables", "pas acceptables". Selon lui, cela ne doit pas aller au-delà de 4 à 5%. Pourtant, selon les complémentaires santé, ces hausses de tarifs sont inévitables, et elles risquent d'être conséquentes. Le ministre recevra les représentants du secteur vendredi 15 décembre, et les échanges s'annoncent animés.
Jusqu'à 15% d'augmentation ?
Les mutuelles ne veulent pas être une "variable d'ajustement budgétaire" et selon elles, c'est limiter les hausses de tarifs qui ne serait pas tenable. Elles chiffrent à 1,4 milliard d'euros leurs dépenses supplémentaires pour 2024. Parmi les explications, la réforme du 100% santé, l'absence de reste à charge a entraîné une forte hausse des frais de remboursements. "Les volumes de consommation ont explosé sur de l'audio prothèse, ils ont beaucoup augmenté sur du dentaire, et sur de l'optique ils n'ont pas baissé, contrairement aux hypothèses qui avaient été prises pour le financement de cette réforme", rappelle Samuel Bansard, président de MeilleurTaux Assurances.
Les mutuelles évoquent aussi le coût du transfert de charges des remboursements de frais dentaires décidé par l'État : environ 500 millions d'euros. 8 à 10% d'augmentation, "c'est la fourchette basse", selon un spécialiste du secteur, et "cela pourrait même dépasser les 15%". Une situation inquiétante puisque près de 3 millions de Français ont décidé de se passer de mutuelle, selon les services du ministère de l'Économie.