La colère des "gilets jaunes" trouve un écho dans le monde paysan. De plus en plus d'exploitants et de salariés agricoles ont en effet décidé de suivre l'actuel mouvement de protestation nationale pour un plus grand pouvoir d'achat, comme la Confédération paysanne du Var. "On se reconnaît dans cette colère sur l'injustice fiscale", a expliqué mercredi son porte-parole, Sylvain Apostolo, au micro d'Europe 1, en direct de Brignoles, dans le centre du département.
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"On fait payer au plus grand nombre les exonérations fiscales qu'il y a pour les plus riches, ou les groupes agroalimentaires pour les paysans", a-t-il poursuivi au micro de Matthieu Belliard. "On a bien compris que les taxes sur les carburants n'ont rien d'écologique."
"Logique de dérégulation" dans le monde agricole. Et le délégué syndical d'insister ensuite sur l'enclavement de cette commune moyenne de 17.000 habitants, mal desservie par les transports, dans laquelle un actif sur cinq est au chômage. "Sur le système ferroviaire, toutes les petites lignes sont détruites et on construit une ligne à grande vitesse qui va bouffer 2.000 hectares de terres agricoles dans le Var pour des milliards d'euros", peste Sylvain Apostolo, éleveur de brebis à Cotignac, petite commune située à une demi-heure de route de Brignoles.
Plus spécifiquement, la Confédération paysanne locale proteste contre un système agricole à deux vitesses : "Nous, paysans et paysannes subissons la même logique de dérégulation, d'industrialisation qui mène tant de fermes au fond du gouffre. Toutes ces mesures qui favorisent les industriels, les groupes agroalimentaires, les grosses exploitations nous font crever", écrit la fédération dans Var-Matin.
Sylvain Apostolo reproche aussi au gouvernement un double discours en matière d'écologie : "On a supprimé les aides à l'agriculture biologique et on ne sort pas du glyphosate. Il y a des paroles d'un côté, et de l'autre des actes qui vont exactement dans le sens inverse."
La FNSEA plus modérée sur son soutien aux "gilets jaunes". D'autres fédérations départementales de la Confédération paysanne ont décidé de se joindre au mouvement des "gilets jaunes", comme celle de la Drôme. "Nous laissons à nos organisations départementales le choix de rejoindre le mouvement de la FNSEA", a expliqué Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, au Figaro.
Autre syndicat du secteur, la FNSEA, traditionnellement plus modéré, "ne rejoint pas les mouvements de blocages des 'gilets jaunes'", comme l'a affirmé mercredi sur Europe 1 sa présidente, Christiane Lambert. Le syndicat va malgré tout se mobiliser la semaine prochaine pour protester contre le report des ordonnances de la loi sur l'alimentation.