Le marché du porc breton a gardé portes closes lundi. Aucune cotation n'a en effet eu lieu à cause de l'absence des deux plus gros acheteurs de porcs en France, Cooperl et Bigard/Socopoa qui estiment le prix de référence national trop élevé. C'est un camouflet pour le gouvernement qui, le 12 juin dernier, avait établi à 1,40 euro le prix d'achat du kilo de porc afin de mettre fin à la crise des éleveurs qui en colère avaient bloqué de nombreux abattoirs.
"Une volonté politique de court terme". Dans un courrier daté du 6 août envoyé à ses adhérents, dont l'AFP a obtenu copie, la Cooperl, le numéro 1 français du porc avec 2.700 agriculteurs adhérents, explique ce geste. Pendant qu'"une volonté 'politique' de court terme a réussi à porter le cours à 1,40 euro" en France, "l'Allemagne abaissait brutalement son prix d'achat" et "à ce jour 25 centimes séparent le cours français du cours allemand".
"Les capitaux de la Cooperl sont la propriété de ses adhérents, ils n'ont pas vocation à financer un cours politique pour tenir la tête hors de l'eau à une partie de la production française", ajoute la coopérative, en précisant qu'elle suspend ses achats externes au cadran à compter de lundi.
L'entreprise Bigard/Socopa, leader français de la viande, a refusé pour sa part de s'exprimer en renvoyant au Syndicat national de l'industrie des viandes. Ce dernier, dans un communiqué publié lundi, estime que la production, "soutenue par les pouvoirs publics, obtient les prix les plus élevés d'Europe, sans trop se soucier du devenir des abattoirs" et que la grande distribution "n'a pas encore renoncé à sa politique de guerre des prix et des marges".
Les éleveurs pris en otage ? Paul Auffray, le président de la Fédération nationale porcine (FNP), a dénoncé pour sa part un "chantage et une prise en otage des éleveurs" par Bigard et par la Cooperl, qui "voudraient que les prix baissent de 15 centimes par kilo" par rapport à leur niveau actuel.
Sans les deux principaux acheteurs, le MPB, dont la cotation de lundi concernait 12.000 des 60.000 porcs qu'il vend cette semaine, n'a pas pu fonctionner car le prix n'aurait pas été représentatif, estime Jean-Pierre Joly, son directeur.
Négociations directes avec les abattoirs. Sans le MPB qui gère 18% des ventes de porc en France, les éleveurs pourront quand même vendre leurs bêtes, notamment en s'adressant directement aux abattoirs. Mais, sans prix de référence, les négociations risquent de s'avérer plus difficiles.