Elle était censée faire toute la lumière sur le scandale des moteurs truqués qui avait éclaboussé Volkswagen en septembre 2015. La commission d'enquête parlementaire dite "commission Royal", n'aurait pas été aussi indépendante qu'exigé, à en croire les affirmations du Financial Times dans son édition de mardi. Selon le journal économique, qui s'appuie sur les témoignages anonymes de trois membres de cette commission, l'instance a "omis des détails significatifs" sur le processus de production de ces fameux moteurs chez Renault et sur la potentielle présence de logicielle permettant de frauder les tests d'émission polluantes.
Incertitude sur la présence d'un logiciel de fraude. Ces sources anonymes évoquent en particulier le déroulement des tests du modèle Renault Captur, dont le système de dépollution du moteur effectuait des purges comme si le véhicule avait détecté qu'un essai était en cours. "Nous ne pouvons pas être sûrs que le logiciel embarqué a détecté le test en soi, mais il semble que Renault a optimisé son filtre à oxydes d'azote pour ce type de conditions très spécifiques", a déclaré un membre de la commission au Financial Times.
Un étrange rappel des véhicules en novembre 2015. Le même modèle avait fait l'objet d'un rappel dès novembre 2015, en raison d'une "erreur de calibrage" de ce même système de dépollution sur plus de 15.000 véhicules, selon le constructeur. Le rapport de la commission Royal avait conclu à l'impossibilité de "se prononcer définitivement sur la présence ou absence de logiciels 'tricheurs' dans les véhicules testés", tout en regrettant qu'il n'ait "pas été possible d'avoir accès à l'ensemble des logiciels embarqués".
Pas de réaction du gouvernement ou de Renault. "Il manque des informations dans le rapport", a confirmé Charlotte Lepitre, de l'association France Nature Environnement, qui constate des lacunes dans les compte-rendus des auditions des constructeurs et s'interroge sur l'absence d'éléments émanant de la direction de la répression des fraudes (DGCCRF), après ses perquisitions dans plusieurs sites de Renault en début d'année. "Ce qui manque ne concerne pas que Renault", a-t-elle déclaré, sans donner d'autres précisions, et tout en rappelant que le constructeur français "fait partie des pires élèves" à l'issue des tests et que cela n'est "pas assez mis en avant" dans le rapport. A mi-journée, ni le constructeur ni le ministère des Transports n'avaient réagi à ces allégations.