L'ancien ministre des Finances Michel Sapin a dénoncé mercredi une "erreur" dans la forte diminution annoncée par le gouvernement des crédits de la Défense, tout en déplorant les choix fiscaux du gouvernement, notamment la réforme de l'ISF.
Un milliard d'économies au total. L'État français va réaliser 4,5 milliards d'euros d'économies en 2017 afin de contenir son déficit public sous les 3% du PIB, dont 850 millions d'euros pour la Défense, a annoncé mardi le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin. Sur la Défense, "je pense que c'est une erreur. À ce niveau-là, c'est une erreur", a déclaré Michel Sapin sur France 2.
"Nous avions prévu 350 millions d'euros, pour être honnête. 850 millions, c'est considérable. Et comme en plus, on a compris que le surcoût des opérations extérieures devait être financé par le budget de la Défense, c'est plus d'un milliard de diminution de crédits de la Défense. Dans le contexte d'aujourd'hui, c'est une erreur", a insisté ce proche de François Hollande.
Autre "erreur", l'aide au développement. "L'autre endroit où ça va faire très mal, c'est au Quai d'Orsay, dans les crédits de l'aide au développement. 250 millions de moins. Là où justement nous avions accordé 250 millions de plus", "c'est une erreur", a également déclaré Michel Sapin.
Déjà des efforts consentis en 2015 et 2016. "Est-ce que 4,5 milliards c'est un effort considérable, jamais fait ? Il faudra qu'un jour il regarde un tout petit peu la séquence précédente et qu'il lise le rapport de la Cour des comptes qui dit quel a été l'effort en 2016 et en 2015 : en 2015 l'effort était de quatre milliards, en 2016 l'effort était de 5,8 milliards. Il fait donc (...) comme d'habitude", a-t-il expliqué. "C'est pas tellement 2017 qui est en cause, c'est 2018. Comment le gouvernement dégage des marges en 2018 ? Pour faire quoi ?", a poursuivi Michel Sapin.
Une critique de la réforme de l'ISF. "Il y a trois milliards de baisse de taxe d'habitation. Moi je dis : pourquoi pas ? Le reste, c'est trois milliards de baisse dus à la réforme de l'impôt sur la fortune, et 1,5 milliard du à ce qu'on appelle dans le jargon la 'flat tax', c'est-à-dire le plafonnement de l'imposition des revenus du capital". "Vous avez trois milliards pour plusieurs dizaines de millions de Français, et vous avec 3,5 milliards pour quelques centaines de milliers de Français", a-t-il résumé.