Mieux vaut s'appeler Jean-Louis que Kamel quand on envoie son CV en réponse à une offre d'emploi. On en avait le pressentiment, mais le constat apparaît clairement dans les résultats d'un testing mené juste avant l'été auprès de quarante grandes entreprises de plus de 1.000 salariés. Parmi elles, douze ont clairement favorisé les candidatures qui mentionnaient un nom à consonance française, au détriment de celles avec un nom d'origine maghrébine. Certaines, qui se pensaient irréprochables, sont tombées de leur chaise en découvrant leur propre résultat.
Deux mois pour s'améliorer. Tout en mettant en garde contre une extrapolation de ces conclusions à l'ensemble des entreprises françaises, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, a déploré cette forme avérée de discrimination. Et donné deux mois aux mauvais élèves pour présenter au ministère un plan d'action qui, a-t-elle prévenu, devra être autre chose qu'un simple affichage. Pour Eric Cediey, à la tête de l'équipe qui a réalisé le testing, l'analyse des résultats permet de dégager certaines mesures efficaces. "On constate que les entreprises qui maîtrisent le mieux les risques ont souvent un message très fort de leurs dirigeants sur le fait que ne pas discriminer est une politique importante", note-t-il.
Des procédures pour encadrer les recrutements. Des messages, mais aussi des recrutements "encadrés par des procédures pensées pour respecter l'égalité de traitement" entre tous les candidats. Ainsi, "garder trace des choix qui sont faits", ce qui induit que "ceux qui ont fait ces choix auront à en rendre compte", permet de "garantir un peu mieux l'égalité de traitement", explique Eric Cediey. Les entreprises sont donc encouragées à s'y mettre tout de suite car celles qui ne bougent pas verront leur nom rendu public.