Après les carburants, les transports en commun. La contestation contre le projet de loi Travail porté par Myriam El Khomri se poursuit cette semaine, mais d’une autre manière : après avoir ciblé les raffineries et les stations-essence, les grèves vont se concentrer dans les transports, urbains, ferroviaires ou aériens. Voici les principales informations à retenir de ce lundi.
LES INFOS A RETENIR :
- Les automobilistes ont moins de difficultés à faire le plein
- Les usagers des transports en commun risquent en revanche de passer une semaine compliquée
- Alors que chaque camp refuse la moindre concession, le front syndical s'est fissuré à la SNCF : la CFDT n'appelle plus à faire grève
Le point sur les carburants. Le conflit se poursuit cette semaine : six des huit raffineries françaises sont restées à l'arrêt - ou au ralenti - lundi et la grève a été reconduite dans les terminaux pétroliers de Marseille et du Havre. Le gouvernement a néanmoins imposé un service minimum et débloqué tous les dépôts pétroliers, à l’exception de celui de Gargenville, dans les Yvelines.
Pour les automobilistes, la situation est moins critique que la semaine dernière : après s’être rués sur les stations-essence, beaucoup ont désormais de quoi tenir plusieurs jours. Les stations sont donc moins prises d’assaut et seules 20% d’entre elles sont en situation de pénurie - partielle ou totale. Les difficultés se concentrent dans les Bouches-du-Rhône, la Seine-Maritime, la Loire-Atlantique et l’ouest parisien.
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Grèves à répétition dans les transports dès mardi soir. Si la perspective d’une pénurie de carburant s’éloigne, la contestation contre la loi Travail va prendre une nouvelle forme cette semaine avec toute une série de grèves dans les transports en commun. Les agents de la SNCF doivent ouvrir le bal mardi soir pour 48 heures de grève, avant que les grévistes de la RATP prennent le relais jeudi, puis ceux de l’Aviation civile vendredi. Mais des mouvements plus localisés ont déjà débuté : une centaine d'éboueurs et égoutiers bloquent depuis lundi matin le centre de traitement de déchets d'Ile-de-France à Ivry-sur-Seine.
Des difficultés supplémentaires s'annoncent déjà dans les airs : les adhérents du syndicat de pilotes SNPL, majoritaire à Air France, ont voté lundi pour le principe d'une grève de plus de six jours. Les pilotes contestent la baisse prochaine de leur rémunération prévue par le plan Transform 2015.
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La CFDT lâche la CGT à la SNCF. Si les deux syndicats sont en désaccord sur la loi El Khomri, ils étaient en revanche sur la même ligne pour défendre la convention d'entreprise que la SNCF est en train de renégocier. Mais cette union a éclaté ce week-end, lorsque la direction de la compagnie ferroviaire a proposé une nouvelle version de cette convention, jugée satisfaisante par la CFDT. Lundi, le syndicat réformiste a donc levé son appel à la grève. Maissi cela ne va pas changer fondamentalement la donne, la CFDT n'étant que le quatrième syndicat au sein de la SNCF.
Le secteur du tourisme commence à en payer le prix.Le climat social tendu dans le pays n'encouragerait pas les touristes à visiter la France. Les principaux syndicats de l'hôtellerie et de la restauration dénoncent une situation préoccupante et redoutent que l’Euro 2016, qui débute le 10 juin, ne tienne pas toutes ses promesses en termes de chiffre d’affaires. Le secteur hôtelier assure avoir subi une baisse de fréquentation d'en moyenne 30%, tandis que les syndicats de restaurateurs déplorent une baisse de 20%. "C'est l'ensemble de la filière du tourisme de loisirs et d'affaires qui est pénalisé. L'enjeu en termes d'emplois est immense puisque 500.000 d'entre eux dépendent de ce secteur dans la région Ile-de-France", a souligné lundi le président du Comité régional du Tourisme Paris/Ile-de-France.
Le gouvernement n’envisage pas de changer de ligne. Malgré déjà une dizaine de jours de mobilisation, la CGT n’a pas réussi à faire reculer le gouvernement, qui campe sur ses positions. "Le processus parlementaire ira jusqu’au bout, la loi sera adoptée", a martelé Manuel Valls dans Le Journal du dimanche. "C'est l'idée même de réforme qui se joue. Il s'agit d'une clarification dans le syndicalisme, d'une clarification à gauche, d'une clarification dans la société française", a ajouté le Premier ministre.
Le gouvernement a néanmoins ouvert un canal de communication avec les opposants à la loi Travail : Manuel Valls a appelé samedi le secrétaire général de la CGT. Il s’est également entretenu avec le secrétaire général de la CFDT qui est, lui, favorable au maintien de la version actuelle de la loi El Khomri. Et il inciterait les entreprises publiques dans lesquelles se joue un conflit social à lâcher du lest, comme cela semble avoir été le cas à la SNCF.
Le Medef compare syndicalistes et terroristes. Redoutant une nouvelle réécriture du texte, le Medef milite de son côté pour que le gouvernement tienne le cap et en profite pour tacler les syndicats. Évoquant le "ras-le-bol" des dirigeants d'entreprise, Pierre Gattaz a eu des mots pour le moins durs envers les grévistes : "on ne peut pas laisser une minorité agissante, révolutionnaire, paralyser l'économie. C'est la capacité de la France à se réformer qui est en jeu. Pour moi, le sigle CGT est égal à chômage", a déclaré le patron des patrons, avant d'ajouter : ce sont des "minorités qui se comportent un peu comme des voyous, comme des terroristes".