ÉDITO - Avec la privatisation de la FDJ, "le gouvernement fait le pari de la privatisation populaire, et c’est une très bonne nouvelle"

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Nicolas Beytout, édité par Rémi Duchemin , modifié à

À partir de jeudi, les Français peuvent acquérir des actions de la Française des jeux, privatisée sur décision d’Emmanuel Macron et du gouvernement. Une très bonne nouvelle, même si les banques ne peuvent pas démarcher leurs clients.

C’est jeudi que démarre la privatisation de la Française des Jeux. Une opération qui devrait permettre à l’État de céder le contrôle de l’entreprise en passant de 72 à 20% des actions. Ce n’est pas la première fois, sous la présidence Macron, que l’État vend quelques participations dans des entreprises, et que ça peut lui rapporter des milliards d’euros (Renault, Engie). Pourtant, cette fois, c’est un événement.

Car cette fois, l’État vend la majorité du capital. C’est donc la première privatisation au sens strict de l’ère Macron, c’est le premier transfert dans le secteur privé d’une entreprise majoritairement publique. Et, autre événement, cette opération va se faire en faisant appel aux petits porteurs. C’est le retour des privatisations populaires, celles qui avaient été si célèbres lorsqu’Edouard Balladur avait dénationalisé des entreprises que François Mitterrand venait de nationaliser. Ça avait été un grand moment politique. Mobiliser les Français, leur expliquer l’économie des entreprises, leur proposer d’en devenir propriétaire, tout cela avait créé un vrai courant dans toutes les couches de la population. Et malgré cela, ce genre d’opération de mise en bourse s’est tari : depuis EDF et GDF il y a près de quinze ans, plus rien.

Pourquoi ? Parce qu’il y a eu des échecs ?

Oui, le cours de l’action EDF par exemple a été depuis divisé par trois, ce qui a mis en exergue la dimension risquée de ce genre d’opération. Mais je trouve que c’est une très bonne nouvelle que le gouvernement fasse aujourd'hui le pari d’une privatisation populaire. Bien sûr, la Bourse présente des risques. Mais elle offre aussi des occasions uniques de faire fructifier une épargne. Il suffit de regarder les performances d’entreprises comme LVMH, qui a franchi cette semaine les 200 milliards d’euros de valeur. Ce n’était jamais arrivé à la bourse de Paris, et je peux vous assurer que les petits actionnaires de ce groupe de luxe (et il y en a beaucoup) savent que le risque peut payer. La privatisation de la FDJ, c’est une occasion de redire aux Français à quel point l’entreprise est un lieu de création de valeur, à quel point elle est importante pour l’économie. C’est un vrai projet politique.

Logiquement,  le gouvernement devrait faire le maximum pour "vendre" ses actions. Eh bien non. Bien sûr il y a une grande campagne de pub, mais les banques n’auront pas le droit de vous faire la promotion de cette opération. Car une réglementation internationale interdit aux banques de faire la promotion des produits financiers risqués. C’est aberrant, mais c’est comme ça : votre banque ne pourra pas vous démarcher. Formidable paradoxe que cette réhabilitation du risque qui ne doit pas être risquée…