ÉDITO - Chez Engie, "plusieurs administrateurs n’ont plus confiance" en Isabelle Kocher

Isabelle Kocher
Isabelle Kocher devrait quitter la direction générale du groupe Engie, jeudi. © BERTRAND GUAY / AFP
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Nicolas Barré
Jeudi soir, Isabelle Kocher ne sera vraisemblablement plus la directrice général d'Engie, grand groupe énergétique français. Les administrateurs lui reprochent plusieurs choses, dont des opportunités manquées face au rival Total, comme l'explique le directeur de la rédaction des Échos Nicolas Barré dans son édito économique.
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C'est - et bientôt c'était - la seule femme patronne du CAC 40 : Isabelle Kocher, la directrice générale d’Engie, ne sera pas renouvelée à la tête du géant européen de l’énergie, qui doit trancher son sort jeudi après-midi. Pour le directeur de la rédaction des Échos Nicolas Barré, Isabelle Kocher paye auprès des administrateurs du groupe son manque de transparence et son incapacité à faire reculer son rival Total, malgré le virage de la transition énergétique.

"Le Conseil d’administration d'Engie se réunit jeudi après-midi mais la décision est prise : Isabelle Kocher ne sera pas renouvelée à la tête du géant de l’énergie issu de la fusion de Gaz de France et de Suez, ce qui représente un groupe de 160.000 salariés et plus de 60 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Depuis près de quatre ans, Engie est dirigée par la seule femme à la tête d’une entreprise du CAC 40. C’est évidemment un symbole, dans un monde des affaires qui reste très masculin. Jusqu’au bout, Isabelle Kocher aura fait feu de tout bois pour tenter de sauver son poste, y compris justement en jouant sur le symbole. En vain.

Bataille avec Total et EDF

Sous sa direction, Engie s’est pourtant engagé dans la transition énergétique. Cette stratégie a été approuvée par le conseil d’administration et par l'État, qui contrôle un quart du capital. Ce qu’on lui reproche, ce n’est pas tant cette stratégie, même si elle jugée insuffisamment lisible, que sa manière de diriger le groupe. Plusieurs administrateurs n’ont plus confiance et critiquent un manque de transparence.

Des administrateurs regrettent aussi des opportunités manquées, notamment face à Total, l’autre géant français privé de l’énergie. Avec Total, EDF et Engie, la France compte trois énergéticiens de classe mondiale. Les trois doivent relever le défi de la transition énergétique, un défi existentiel pour ces groupes. Et qui nécessite d’avoir à leur tête un dirigeant qui inspire la plus grande confiance à tous les actionnaires. Ce n’était manifestement plus le cas chez Engie."