Pour notre éditorialiste Axel de Tarlé, les entretiens d'embauche en France ne s'attachent pas assez à déceler le potentiel des futurs collaborateurs, contrairement à ce que fait l'entreprise de Jeff Bezos, Amazon.
Une méthode de recrutement Amazon. C'est, pour notre éditorialiste Axel de Tarlé, ce qui manque à de nombreuses entreprises françaises. Tandis que la firme américaine a essaimé dans le monde des affaires, les sociétés hexagonales restent trop attachées au passé des personnes qui postulent chez elles, juge-t-il mardi.
"Alexandre Benalla serait une personne 'éblouissante'. C'est Alain Minc qui le dit, dans Challenges. Et l'intellectuel libéral de se demander pourquoi l'ENA n'a pas su repérer un type aussi brillant qui, du coup, est parti en zone d'ombre. Et il y voit le signe que l'ascenseur social est bloqué. C'est l'un des problèmes de la France que ce plafond de verre. On est bloqué quand on n'a pas les bons diplômes, les bons CV, les bons réseaux…
Dans les autres pays, ce n'est pas autant le cas, c'est très typique de la France de regarder les diplômes, votre parcours. Aux États-Unis, la méthode du patron d'Amazon, Jeff Bezos, pour faire passer des entretiens d'embauche est radicalement différente. Il avait été embauché de cette façon dans les années 90, dans un fond d'investissement, et ça l'a marqué.
" Aux États-Unis, on est tourné vers l'avenir, on mesure votre potentiel futur, alors qu'en France, on va regarder votre passé "
Pour repérer les bons, Amazon demande à ses candidats de résoudre une énigme. Par exemple : combien y a-t-il de fax aux États-Unis ? L'important, ce n'est pas de connaitre la réponse. C'est de voir comment vous raisonnez, comment vous décortiquez le problème pour trouver la réponse. L'objectif est de mesurer votre capacité à surmonter une difficulté.
On veut donc mesurer votre potentiel. Aux États-Unis, on est tourné vers l'avenir, on mesure votre potentiel futur, alors qu'en France, on va regarder votre passé, votre CV… C'est difficile de se faire embaucher, de progresser, quand on n'a pas les bons diplômes, les bonnes adresses. Toutes les tentatives de CV anonyme ont échoué. La seule solution quand on est brillant, sans réseau ni CV, est de s'embaucher soi-même et ainsi de créer son entreprise. La semaine dernière se tenait à Paris le salon des entrepreneurs : 12 % d'entre eux sont sans diplômes et donc autodidactes. Ça fait réfléchir."