>> Dans son édito éco vendredi matin sur Europe 1, le rédacteur en chef des Échos Guillaume Maujean a tenu à tordre le cou à la légende qui veut que l'euro soit le responsable d'une augmentation des prix déraisonnée.
"C'est un mythe. L'euro n'a pas fait monter les prix en France, c'est même l'une des meilleures assurances pour protéger notre pouvoir d'achat.
Les chiffres d'abord, et ils sont éloquents. Depuis dix ans, l'inflation est à 2% par an en zone euro en moyenne, et c'est même moins en France, avec seulement 1,7%. Il faut se souvenir, on l'oublie, que les prix montaient de 10% chaque année en France dans les années 1970 et même de 7% dans les années 1980 encore.
Les biens durables ont vu leur prix baisser
Ce sont surtout les biens durables qui ont vu leur prix baisser, comme l'automobile ou l'électroménager. Mais, vous me direz : 'on n'achète pas une voiture ou un réfrigérateur tous les jours'. Donc on s'en rend moins compte. Les produits du quotidiens, comme le café, les cigarettes ou la baguette ont, c'est vrai, augmenté, notamment au moment de l'introduction de la monnaie unique, quand les commerçants se sont un peu arrangés avec les arrondis.
Mais cette hausse est surtout due aux matières premières et aux différentes taxes et elle n'est pas non plus déraisonnable quand on la regarde dans la durée. Prenez la baguette de pain. Vous vous souvenez de son prix en 1999 ? C'était 4,5 francs, soit 66 centimes d'euro. Aujourd'hui, le prix de la baguette est autour de 90 centimes pour la baguette traditionnelle. Cela fait une augmentation de 2% par an, comme la moyenne des prix, au fond.
L'euro a favorisé les échanges commerciaux et la mobilité des personnes
L'euro est clairement un succès économique. Il a favorisé les échanges commerciaux et la mobilité des personnes. Il a aussi protégé le pouvoir d'achat des Français pendant la crise. Si la croissance et les créations d'emploi n'ont pas été aussi fortes qu'on l'aurait voulu, ce n'est pas à cause de l'euro, c'est parce que nous n'avons pas attaqué de front toutes nos rigidités structurelles.
Les Français, d'ailleurs, ne s'y trompent pas. Quand on regarde les sondages, ils sont attachés à 70% à l'euro. Et dans les boulangeries, vous l'avez sans doute remarqué, on ne voit plus beaucoup de personnes qui comptent en franc."