EDITO - Trouver 12 milliards pour la réforme des retraites, "l’équation impossible des syndicats"

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Nicolas Barré , modifié à
Trouver 12 milliards d’euros : c’est l’équation impossible, juge notre éditorialiste Nicolas Barré, que doivent maintenant résoudre les partenaires sociaux après le compromis accepté par Edouard Philippe pour sauver la réforme des retraites, à savoir retirer - provisoirement- l’âge pivot du projet gouvernemental.
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>> L’âge pivot est retiré de la réforme des retraites. Au moins pour un temps. Edouard Philippe a accepté une concession - provisoire - sur ce sujet qui fâche jusqu’aux syndicats réformistes. A charge désormais pour ces derniers de trouver une solution pour assurer l’équilibre financier du futur système par points. Et vu la manière dont le Premier ministre a cadré les choses, interdisant d’emblée toute hausse du coût du travail, les mesures d’âge sont inévitables, analyse notre éditorialiste Nicolas Barré.

"C’est la contrepartie du retrait de l’âge-pivot. "Chiche", a dit en quelque sorte le Premier ministre, mais alors proposez-moi de solution pour combler le trou de 12 milliards qui se profile d’ici 2027 pour notre système de retraites. Comment trouver ces 12 milliards ? Le patronat a obtenu l’assurance que la solution ne se traduirait pas par une augmentation du coût du travail. En théorie donc, la piste d’une hausse des cotisations est écartée.

Ce qui est possible, c’est que certaines cotisations existantes soient fléchées vers les retraites plutôt que vers d’autres budgets. Mais le patronat sera évidemment très vigilant sur les cotisations. Pas question pour lui que le compromis acté ce week-end se fasse d’une manière ou d’une autre sur le dos des entreprises.

Rendre cette mesure moins aveugle pour qu’elle ne soit plus injuste

Alors où va-t-on trouver l’argent ? Il y a bien le fonds de réserve des retraites, mais il ne peut fournir qu’une somme d’appoint. La vérité, c’est qu’à moins de rogner sur les pensions, ce que le gouvernement a écarté, il n’y a que des mesures d’âge qui permettent de résoudre l’équation. Laurent Berger a rejeté l’âge-pivot de 64 ans en estimant qu’il s’agissait, je cite, d’une mesure "aveugle et injuste". Il a en quelque sorte lui-même suggéré la solution : rendre cette mesure moins aveugle pour qu’elle ne soit plus injuste.

Concrètement, cela pourrait vouloir dire un âge pivot différencié, avec des exceptions selon les métiers, des modalités de décote qui varieraient selon les cas, etc. On peut tourner l’équation dans tous les sens, pour arriver à l’équilibre sans alourdir le coût du travail, donc sans pénaliser l’emploi, et sans amputer le pouvoir d’achat des retraités, il n’y a que des mesures d’âge qui permettront d’y arriver. Les partenaires sociaux ont trois mois pour trouver la solution à cette équation impossible."