Alors qu'une partie de la France est bloquée par des barrages d'éleveurs depuis dimanche, le gouvernement a annoncé, à l'issue d'un Conseil des ministres, un plan d'aide à l'agriculture. Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, et Manuel Valls, le Premier ministre, ont ainsi annoncé 24 mesures en faveur d'un secteur de l'élevage en pleine crise. En tout, l'Etat va faire un effort de 600 millions d'euros, dont 100 millions d'annulations de charges et de cotisations et 500 millions de reports. Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, a d'ores et déjà annoncé que ce plan d'aide aller "dans la bon sens".
Redresser les prix... Stéphane Le Foll a annoncé une réunion qui se déroulera mercredi après-midi et qui réunira l'ensemble des acteurs de la filière afin de renégocier les prix d'achat de viande et de lait aux éleveurs.
Le Premier ministre, Manuel Valls, a par ailleurs appelé "solennellement" la grande distribution et les industriels à "respecter les hausses de prix auxquels ils se sont engagés" lors d'une réunion du 17 juin dernier. Il a cependant rappelé que cette dernière concertation a déjà permis d'"enrayer" la baisse des prix. Un effort sur le bœuf reste cependant à faire, a ajouté le Premier ministre.
... mais sans dénoncer de responsables. Sur la baisse des prix d'achat aux éleveurs, Stéphane Le Foll a refusé de dénoncer des responsables précis. Définir "des boucs émissaires ne va pas faire avancer le sujet", estime-t-il. Mais selon lui, la grande distribution a respecté les engagements qu'elle avait pris en juin dernier. Chez les industriels, selon les régions, les pratiques sur les prix peuvent être différentes, a-t-il cependant précisé.
Restructuration des dettes des éleveurs. Les éleveurs en situation de difficulté vont bénéficier de restructuration de l'ensemble de leurs dettes. Par ailleurs, la BPI pourra garantir jusqu'à 500 millions d'euros de crédit bancaire de trésorerie aux entreprises du secteur de l'élevage pour faire face à l'ensemble de leurs besoins. L'Etat va également prendre en charge des intérêts d'emprunt de ces éleveurs dans le cadre du Fonds d'allègement des charges (FAC), à hauteur de 50 millions d'euros. La prochaine échéance des cotisations de sécurité sociale (200 millions d'euros) et le paiement des derniers acomptes d'impôts sur le revenu et sur les sociétés vont également être reportés.
Alléger et reporter les charges. Le fond d'allègement des charges sera augmenté de 50 millions d'euros dès aujourd'hui.
"Remboursement anticipé de TVA, report des échéances de report d'impôt sur le revenu et sur les sociétés à la fin de l'année, exonération de taxes sur le foncier non bâti"... a énuméré le ministre de l'Agriculture lors d'une conférence de presse.
Valoriser la viande française. Dix millions d'euros vont être débloqués pour la promotion des produits d'élevage français à l'exportation. Les contrôles de l'étiquetage d'origine des produits vont être renforcés. L'Etat va également musclé son action en faveur de l'approvisionnement local des établissements publics.
À long terme, la question des contrats au sein de la filière. Même si le président de la FNSEA, principal syndicat agricole, a souligné que le plan allait "dans le bon sens", il a aussi précisé qu'à long terme se posait la question des contrats entre acteurs de la filière. "Nous rappelons, nous, la priorité des priorité, les prix, et la capacité des éleveurs à retrouver des perspectives, avec cette question des contrats et autour d'une restructuration de l'endettement", a-t-il dit.
Le responsable a également déploré que le gouvernement "ressert quand même beaucoup de choses". Ce que les agriculteurs attendent selon lui, "ce sont des mesures nouvelles".