Éliane Houlette dévoile les coulisses de la perquisition chez Google pour fraude fiscale

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C.C. , modifié à
Invitée du Grand RDV, la procureur national financier a dévoilé les conditions de "totale confidentialité" dans lesquelles le parquet a travaillé pendant un an. 
INTERVIEW

Eliane Houlette, procureur national financier, était l'invitée de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1 dimanche matin. Elle est revenue sur les coulisses de "l'opération Tulipe" menée par le parquet national financier, et qui a débouché le 24 mai dernier sur une perquisition d'ampleur au siège de Google France.  

Un travail en totale confidentialité, hors réseau... Tout est parti d'une plainte de l'administration fiscale au mois de juin de l'année dernière, explique la procureur national financier. "Nous l'avons traitée en totale confidentialité, et au sein du parquet nous avons même décidé de donner un autre nom à Google (tulipe, parce que la société mère était domiciliée en Hollande ndlr) et de travailler hors réseau", révèle-t-elle. "Nous avons préparé l'opération en secret", jusqu'à la perquisition surprise menée le 24 mai au siège de l'antenne française de Google. Au total, près d'une centaine de personnes, qui ont pu collecter une masse "considérable" de données informatiques - "plusieurs tétra-octets" - "au moins autant que Panama Papers peut-être même plus", a estimé le procureur national financier. 

1,6 milliard d'arriérés d'impôts réclamé par le fisc. Leur exploitation va prendre "plusieurs mois, j'espère que ce ne sera pas plusieurs années", a ajouté Eliane Houlette, en regrettant que les enquêteurs n'aient pas les "logiciels extrêmement performants" qui leur permettraient d'aller "beaucoup plus vite". "C'était la grande opération du PNF...", a relevé le procureur,  Google étant "quand même la plus grande entreprise en termes de capitalisation au monde". Une source proche du dossier avait indiqué en février que le fisc français réclamait 1,6 milliard d'arriérés d'impôts au géant de la high-tech, un montant que n'avait pas confirmé Bercy.

Plusieurs pratiques "d'optimisation fiscale" dénoncées. Pour l'instant, le géant américain ne paie que quelques millions d'euros d'impôts en France. "C'est peu", souligne Eliane Houlette. Une somme qui peut en effet sembler dérisoire au vu de ce que touche Google en publicités depuis la France. Google et d'autres multinationales américaines comme Amazon ou Facebook sont régulièrement accusées de vouloir échapper aux impôts, à la fois aux Etats-Unis et en Europe, en choisissant par exemple de s'installer dans des pays où la fiscalité leur est plus favorable. Des pratiques, se défendent-elles, d'"optimisation fiscale".