La baisse est brutale, à la mesure des bouleversements induits par la crise du coronavirus sur le marché du travail. Selon Benoît Serre, vice-président de l'Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH), le salaire annuel des diplômés du supérieur lors de leur premier emploi a nettement chuté depuis un an. "Quelqu'un qui sortait d'un bac +5 et qui se disait 'en gros, dans mon école, on sort de là à 30.000 euros par an' ne gagnera plus que 23.000 ou 24.000 euros" désormais, explique le dirigeant, invité mercredi de La France bougeà l'occasion de la semaine #Europe1Solidaire consacrée aux jeunes.
"Écrasement des rémunérations"
D'après Benoît Serre, il est certain que "la moyenne du salaire d'embauche a baissé". Cela s'explique par une raréfaction des offres d'emploi, alors que le nombre de candidats en sortie d'école n'a pas forcément baissé. Le spécialiste évoque un "écrasement des rémunérations" liées à la crise du Covid-19. "On a basculé d'un marché d'employés, c'est-à-dire motivé par la recherche de candidats, à un marché d'employeurs, qui savent qu'il y a beaucoup de gens."
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Précisons que ces baisses ne sont pas observées dans tous les secteurs. Ainsi, échappent à une chute des salaires "tous les métiers de la digitalisation, comme le métier de data-analyste, avec des compétences absentes dans beaucoup d'entreprises", face auxquelles "les étudiants savent jouer de leur force". "Ce sont des métiers super rares, dont on a absolument besoin. La guerre des talents ne s'est pas arrêtée avec le Covid", tranche Benoît Serre.
Pour trouver, "il faut oser bouger"
Dans ce contexte morose, le vice-président de l'ANDRH estime que les étudiants ne doivent absolument "pas se brader". "Si cette entreprise vous paye un peu moins cher, mais qu'en revanche, elle vous crée de la perspective, elle constitue peut être une clé pour un poste demain", observe-t-il également, certain qu'il faut sans cesse "penser au coup d'après".
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Le deuxième conseil pour s'en sortir dans la recherche d'un premier emploi est d'ordre géographique. "Ce n'est pas un sujet évident pour les jeunes. Beaucoup d'entre eux ne veulent pas trop quitter la zone où ils se trouvent, au moins au début. Je pense que c'est une erreur d'analyse", regrette le dirigeant. Pour lui, "il faut oser bouger" au début de sa carrière. "Faire l'effort d'un mouvement géographique, c'est sans doute l'une des clés pour compenser la baisse des offres qui existent sur le marché."