Amazon défraie la chronique en France, en particulier à cause de la vente de produits dits "non essentiels" pendant le deuxième confinement. La semaine dernière, le monde du commerce français, des petites enseignes aux grandes surfaces, en passant par le ministère de l'Économie, était suspendu à la décision du géant américain concernant le Black Friday, qui a finalement été reporté au 4 décembre prochain. Logistique, emploi, impôts... Ce lundi, Europe fait le point sur le poids de cette énorme entreprise de commerce en ligne dans l'Hexagone.
Une puissance commerciale et logistique
La popularité d'Amazon en France n'est plus à prouver : un Français sur deux utilise régulièrement son service, contre un sur quatre pour la Fnac par exemple. Et cette domination est encore plus écrasante concernant les parts de marché. Amazon détient ainsi 22% de parts de marché de la vente en ligne. Loin derrière, on trouve Cdiscount, avec à peine 8%. Les autres concurrents, Vente Privée, Fnac, Darty, ou encore La Redoute, ne se partagent que des miettes.
Au-delà de sa puissance commerciale, Amazon est aussi une puissance logistique et un important pourvoyeur d'emplois, bien que ce dernier aspect soit contesté. L'entreprise représente 27 sites en France, dont sept centres de distribution, des entrepôts gigantesques où sont préparées les commandes. Europe 1 s'est rendu dans le plus gros d'entre eux, largement robotisé, à Brétigny-sur-Orge. Ici, le ballet des salariés est incessant, fêtes de fin d'année obligent. Ils sont au total 4.500 à travailler sur le site. Le bâtiment de trois étages, d'une surface de plus de 150.000 m2 est une véritable fourmilière et fonctionne 24 heures sur 24. Robots et humains y gèrent un stock d'une vingtaine de millions de produits.
L'entrepôt d'Amazon à Brétigny-sur-Orge. Crédit photo : Elise Denjean/Europe 1
Un impact sur l'emploi contesté
Leur association permet à la société d'être redoutablement efficace. "Les robots amènent le stock à nos salariés, plutôt que les salariés aillent au devant du stock", précise Stéphane Taillée, le directeur du site. Pour la mise en emballage, les salariés bénéficient aussi d’une aide à la décision : leur tablette leur indique quel format de carton correspond le mieux à la commande. "On est sur notre période de pic d’activité, mais vous ne voyez pas de gens affolés. Tout le monde est calme, serein, à son poste de travail. On n’envoie pas des fusées sur orbite non plus", décrit le responsable. "La prouesse, c’est de pouvoir livrer rapidement nos clients et de façon très optimisée". Si personne ne court, tout le monde a en revanche un objectif de productivité. Il correspond à la moyenne sur quatre semaines glissantes de ce qu'a réalisé l’ensemble des collègues. Cet objectif a toutefois été levé le temps de la crise sanitaire.
Au total, Amazon emploie 9.300 personnes en CDI dans le pays. Et pour la période des achats de Noël, l'entreprise peut appeler jusqu’à 9.000 intérimaires de plus. Pourtant, le tableau concernant les emplois pourraient bien ne pas être complètement rose. Pour le député de la majorité Mounir Mahjoubi, un emploi créé chez Amazon équivaut à deux emplois détruits dans les commerces de proximité. Difficile d'être aussi affirmatif, mais il est vrai que le commerce en ligne détruit des emplois partout. Quelle est la part de responsabilité d'Amazon pour autant ? Impossible à dire. Le géant américain se défend en évoquant son impact global sur l’économie. En plus de ses 9.300 CDI, il affirme que son activité génère 110.000 emplois indirects dans le transport, la logistique et d'autres secteurs. Amazon est par exemple le premier client de La Poste.
420 millions d'euros d'impôts payés l'an dernier
Qu'en est-il des impôts payés par le géant américain ? Amazon paie des impôts, la TVA et des cotisations en France : l'an dernier, cela représentait 420 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de près de 6 milliards d'euros... Il y a quelques jours, Intermarché a révélé sur Europe 1 en payer quatre fois plus pour un tel chiffre d'affaires. La raison est simple : Amazon paie des impôts uniquement sur ce qui est vendu par sa filiale française, c'est-à-dire sur ses produits vendus sur son site en France. Mais Amazon fait très peu de marge, voire aucune, sur cette activité. D'autant plus qu'il investit à tour de bras dans la logistique. La filiale ne rapporte donc presque rien, d'où un faible montant d'impôts.
Ce sont les services informatiques et le stockage de données de façon dématérialisée qui rapportent de l'argent à l'entreprise. Si de nombreux groupes français ont recours à ces services, les filiales d'Amazon pour ces activités sont basées au Luxembourg et échappent donc à l'impôt. Reste qu'Amazon va devoir, comme les autres géants d'internet, s'acquitter de la taxe Gafa sur le chiffre d'affaires. Elle sera prélevée le 10 décembre. Pour Amazon, le chèque sera d'un peu moins de 200 millions.