La colère dans les vergers de noisetiers. Non seulement, les producteurs doivent affronter un climat qui ne leur fait pas de cadeau - beaucoup de pluie - mais en plus, leurs noisettes sont attaquées par deux ravageurs, deux petits insectes, le Balanin et la Punaise diabolique, qui font des dégâts, et contre lesquelles la filière est bien démunie.
Jusqu’en 2018, les exploitations pouvaient traiter avec un produit chimique qui appartient à la famille des néonicotinoïdes, un insecticide désormais interdit en France, mais pas chez les concurrents européens, l’Italie en tête, ou en Turquie ! Pour répondre à la demande, pendant que les Français perdent des volumes considérables faute de traitement, les noisettes italiennes et turques sont importées en France… Incompréhensible pour les producteurs français.
Les noisettes sont attaquées par des insectes qui les détruisent.
Deux tiers de production perdus
Dans le Lot-et-Garonne, 300 producteurs constatent la catastrophe. "Ce sont des noisettes qui ont le goût de punaise. Cette année, sur la coopérative, on est autour de 25 à 30% de piqûre et de noisettes pourries. C'est catastrophique", alerte le producteur Robin Saphy et son associé. Cette année, ce sont les deux tiers de la récolte de noisettes qui vont être perdues, explique Jean-Luc Reigne, le directeur de la coopérative Lot-et-Garonnaise Unicoque. Les concurrents italiens, par exemple, n'ont pas ce problème puisqu'ils peuvent appliquer un traitement que seuls les producteurs français en Europe n'ont pas le droit d'utiliser.
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"L’acétamipride est utilisable par tous les agriculteurs européens, sauf la France. L'Italie va pouvoir fournir, l'Espagne va pouvoir fournir. Nous, ce qu'on demande, c'est de pouvoir lutter à armes égales. Soit les produits phytosanitaires utilisables chez nos voisins italiens deviennent utilisables immédiatement sur le territoire français, soit ce n'est pas le cas. Et à ce moment-là, il faut refuser que l'agriculture dont on ne veut pas, exporte ses produits sur notre territoire", expose-t-il. Une distorsion de concurrence qui met la filière française de la noisette en danger.
Robin Saphy et son associé Julien Chambon.