L’engouement, le désamour et bientôt le rebond ? La courte vie des biocarburants a jusqu’à présent été bien animée. Depuis leur essor au début des années 2000, quand le baril de pétrole avait vu son prix grimper, à leur regain de popularité actuel, en passant par les nombreuses critiques qu’ils ont essuyées depuis 15 ans, leur développement a été plus qu’irrégulier. Présents à la pompe sous la forme de sans plomb 95 ou 98 (jusqu’à 5% d’éthanol) et SP95-E10 (jusqu’à 10%), on les trouve surtout dans l’E85 qui contient, comme son nom l’indique, jusqu’à 85% d’éthanol.
Réécoutez l'émission de Circuits courts sur l’avenir de ces biocarburants, en partenariat avec L’Obs.
Pour bien comprendre ces dynamiques contraires, il faut s’intéresser à la nature des biocarburants. Ils se divisent d’abord en deux "branches" : le bioéthanol, pour les véhicules essence, et le biodiesel, pour les diesel. Concrètement, pour obtenir du biodiesel, on utilise les huiles végétales de colza, de tournesol, de soja et de palme. Pour le bioéthanol, il s’agit d’extraire de l’amidon de la biomasse (des matières premières comme le blé, le maïs, la canne à sucre) pour obtenir du sucre. Grâce à la fermentation, il se transforme en éthanol avant d’être mélangé à de l’essence.
Des carburants peu écologiques ? Produire des biocarburants coûte moins cher que des énergies fossiles. L’E85 est d’ailleurs le carburant le moins cher : il dépasse rarement les 85 centimes par litre contre environ 1,50 euro en moyenne pour le SP95. C’est en revanche l’un des moins répandus, avec moins de 40.000 voitures qui roulaient à l’E85 en France, début 2017.
Peu démocratisés, donc, les biocarburants traînent derrière eux une réputation plutôt mauvaise. Les défenseurs de l’écologie ont très vite dénoncé leur impact environnemental, comme une déforestation accrue pour produire ces matières premières. Une étude de la Commission européenne, publiée en avril 2016, affirme d’ailleurs que le biodiesel émet plus de gaz à effet de serre que le diesel. Autre argument des opposants aux "agrocarburants", la mise en concurrence des terres avec les productions destinées à nourrir la population. En produisant des carburants, on diminuerait ainsi l’offre de matières premières alimentaires.
La piste des algues. L’émergence il y a quelques années d’une deuxième génération de biocarburants, produits avec les parties non comestibles de la biomasse (paille, bois, déchets agricoles, etc.), a pourtant redynamisé la filière. Mieux, la troisième génération de biodiesel, faite notamment à base d’algues, laisse entrevoir un rendement élevé, une faible compétition avec les espaces agricoles et des rejets de CO2 bien moins importants que ceux de la première génération. Pour l’heure, difficile de dire quel sera l’avenir des nouveaux biocarburants, car la production en est encore au stade de la recherche en laboratoire.