Esther Duflo, Abhijit Banerjee et Michael Kremer ont reçu, lundi, le prix Nobel d'économie pour leur travail sur la pauvreté. La chercheuse franco-américaine était au micro d'Europe 1, mardi, pour revenir sur ce prestigieux prix qui lui a été décerné. Sa première réaction en tant que lauréate ? "Une complète incrédulité ! Ce n'était pas dans notre perspective d'avoir un prix Nobel. Et ensuite, une fois que nous avons réalisé cela, nous avons ressenti une grande joie. C'est le travail de tout un mouvement qui est récompensé."
"Dépasser les grandes questions générales"
Ce travail, justement, concerne la lutte contre la pauvreté. L'originalité d'Esther Duflo et de ses deux collègues chercheurs, son mari Abhijit Banerjee et le chercheur à Harvard Michael Kremer, réside dans leur approche expérimentale de la lutte contre la pauvreté. "L'idée est de dépasser les grandes questions générales et de composer ça en une série de problèmes beaucoup plus spécifiques et particuliers comme, par exemple, 'Pourquoi les enfants vont à l'école mais n'apprennent pas grand-chose ?'".
Une fois la ou les questions posées, les chercheurs tentent de trouver une solution pour répondre aux problématiques spécifiques. Pour cela, ils essayent, explique Esther Duflo, "d'adopter une approche scientifique et en particulier de tester des solutions avec une méthode expérimentale qui ressemble à celles des essais cliniques pour les nouveaux médicaments".
Barack Obama "peut-être trop prudent"
La lutte contre la pauvreté est l'un des domaines où il y a eu le plus d'avancées pendant les trente dernières années. Esther Duflo tient à le souligner : "Il y a moins de gens qui vivent en situation d'extrême pauvreté et chaque année, il y en a moins. Depuis 1990, il y a aussi moitié moins d'enfants qui meurent avant 5 ans. Les politiques de lutte contre la pauvreté se sont améliorées."
Enfin, Esther Duflo, expatriée aux États-Unis, où elle travaille au Massachusetts Institute of Technology (MIT), est revenue sur sa relation avec Barack Obama, qu'elle a conseillé. Elle le juge "peut-être trop prudent" et explique : "Après sa première élection, il avait une super majorité au Sénat, il avait une majorité à la Chambre et, bien sûr, il était président et il a choisi de s'engager dans des actions qui n'étaient pas suffisamment redistributives. Cela a contribué, je pense, au malaise qui a conduit à l'élection de Donald Trump."