Les producteurs de porcs sont excédés par les prix qui leur sont proposés et le font savoir. Afin de mettre la pression sur le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, attendu vendredi à l'assemblée annuelle de la Fédération nationale porcine dans le Morbihan, ils sont passés à l'action dans la nuit de jeudi à vendredi dans les Côtes d'Armor contre deux grandes surfaces. L'envoyé spécial d'Europe 1 a pu assister à cette opération commando.
Des centaines de caddie en feu. Ils étaient une quinzaine, habillés de noir avec des gants et des cagoules. Équipés de talkie-walkies, ces éleveurs ont d'abord pris pour cible un Super U, situé à Lanvallay. À deux heures du matin, ils se sont dirigés vers leur deuxième cible, un Carrefour de Ploubalay. Avec de la paille, de l'huile et de l'essence, ils ont mis le feu à des centaines de caddie en plastique. Depuis janvier, ces éleveurs de porc comptabilisent ainsi 25 actions commandos.
Un cochon "payé une misère". Tous pères de famille, 35 ans de moyenne d'âge, ces éleveurs de porc sont désespérés. "On fait ça parce qu'on est rendu au bout du rouleau, comment voulez-vous qu'on se fasse entendre ?", interpelle l'un deux. Un autre explique au micro d'Europe 1 qu'il est "en cessation de paiement". C'est pour cela que "la nuit, il faut taper de façon à faire plier les grandes et les moyennes surfaces".
Pour un éleveur, "il faut neuf mois, à 70 heures de travail par semaine, pour produire un cochon et il nous est payé une misère". Les grandes surfaces, elles, "en l'espace de deux ou trois jours sur un étal, se font les trois quarts de la valeur ajoutée d'un produit", calcule cet éleveur en colère qui estime à 30.000 emplois la filière du porc en Bretagne. Le gouvernement a décidé de répondre à cette inquiétude en publiant vendredi un arrêté au Journal Officiel pour limiter les périodes de promotion sur cette viande.
La réponse du gouvernement. Appelant à la "responsabilité de chacun des acteurs" de la filière, le ministre Stéphane Le Foll a promis "un véritable pacte porcin" d'ici l'automne. En attendant, le ministre a publié le matin même un arrêté limitant à deux mois par an, en janvier et en septembre, les fortes promotions sur la viande de porc dans les grandes et moyennes surfaces.
Devant les producteurs, il a également annoncé que 5 millions d'euros supplémentaires allaient être mis à disposition de la Mutualité sociale agricole pour les allègements de charges des éleveurs les plus "fragilisés". Ils viendront s'ajouter aux 9 millions déjà attribués à la filière.