Exil fiscal ou simple expatriation, les plus fortunés sont de plus en plus nombreux à quitter la France

© PHILIPPE HUGUEN/AFP
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ARGENT - Le nombre de hauts revenus s’expatriant a augmenté de 40% en 2013, selon le quotidien Les Echos qui a pu se procurer les chiffres de l’administration fiscale.

Droite ou gauche au pouvoir, crise ou pas, le nombre de foyers fortunés quittant la France ne cesse d’augmenter. Entre 2012 et 2013, leur nombre a même augmenté de 40%, selon les derniers chiffres de l’administration fiscale que le quotidien Les Echos a pu se procurer. Des données qui doivent néanmoins être maniées avec précaution puisqu’on ignore si les foyers ayant quitté l’Hexagone l’ont fait pour des raisons professionnelles, personnelles ou pour éviter l’impôt.

2013, année de grands départs. Le chiffre donne le vertige : entre 2012 et 2013, le nombre de foyers fiscaux gagnant plus de 100.000 euros et ayant quitté la France a augmenté de 40%. Une tendance encore plus forte chez les ménages gagnant plus de 300.000 euros annuels : leur nombre a bondi de 46%, passant de 451 à 659. Quant aux foyers assujettis à l’ISF (dotés d’un patrimoine supérieur à 1,3 millions d’euros), le nombre de départs a augmenté de 15% en un an. A titre de comparaison, la France voit le nombre de ses expatriés augmenter bien plus lentement, de l’ordre de 6% par an, toujours selon les chiffres des Echos.  

Un panorama qui reste à compléter. De tels chiffres, aussi impressionnants qu’ils soient, doivent être maniés avec précaution. D’abord en raison de l’étroitesse de l’échantillon : le nombre de foyers fiscaux quittant la France chaque année est limité, si bien que la moindre variation peut prendre des proportions importantes. Ainsi, le bond de 46% observé chez les ménages gagnant plus de 300.000 euros par an correspond au passage de 451 expatriations en 2012 à 659 en 2013. "Si la tendance à l’expatriation est à la hausse, on ne peut pas parler d’exode de masse. Les départs chez les redevables de l’ISF représentent moins de 0,3 % des contribuables assujettis à cet impôt", prévient ainsi Les Echos. Une nuance qu'a également apporté le ministère des Finances à Europe 1  : à ses yeux, le nombre de contribuables concernés est "très limité", d'autant plus que cette même année, la France a enregistré 400.000 foyers fiscaux supplémentaires.

Autre nuance à apporter : l’administration fiscale ignore la raison de ces départs. Si certains sont motivés par l’évitement de l’impôt, la majeure partie des expatriations s’explique par des raisons professionnelles ou personnelles. Bercy souligne ainsi que 67% des personnes ayant quitté la France en 2013 ont moins de 40 ans, un âge auquel l'exil fiscal n'est pas encore une priorité. Ces données montrent donc autant une accélération de la mondialisation de la force de travail qu’une montée en puissance de "l’optimisation fiscale".

Enfin, on ignore combien de foyers fiscaux ont fait le chemin inverse pour s’installer en France.