Faut-il craindre une "apocalypse de temps d'attente" dans les aéroports cet été ?

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Le patron d'Aéroports de Paris se dit inquiet pour la gestion des flux de voyageurs au cours de l'été à cause de la lourdeur des contrôles sanitaires liés au Covid-19. C'est surtout à l'arrivée en France que l'attente devrait être longue, entre vérification des tests et contrôles étendus de la police aux frontières.

Une "apocalypse de temps d’attente" : Augustin de Romanet était inquiet, lundi, au moment d'évoquer l’été qui arrive. Le patron d'Aéroports de Paris (ADP) craint qu’à cause des contrôles sanitaires liés au Covid-19, le débarquement des avions prenne un temps considérable. "Ce qui me préoccupe principalement, c'est la gestion de la multiplicité des contrôles, des tests et du double contrôle de la police aux frontières", a déclaré Augustin de Romanet. De fait, les mois à venir s'annoncent compliqués avec une hausse du trafic, combinée à des contrôles très stricts.

TousAntiCovid pour gagner du temps

Après plus d'un an au ralenti, le trafic aérien est en train de redécoller à Paris. Il atteignait 14% du trafic habituel en avril, et environ 20% en mai. ADP anticipe désormais une fréquentation autour de 30-35% pour l'été, à la faveur de déplacements à nouveau possibles vers certaines destinations. Deux fois plus de voyageurs : rien d'ingérable en temps normal. Mais avec le Covid, tout est plus compliqué à Orly et Roissy. Et ce dès le départ : avec les contrôles sanitaires, le temps d’embarquement d’un avion a été allongé de 30% en moyenne chez Air France !

Pour fluidifier l'embarquement des passagers, Air France mise sur TousAntiCovid. L’application couteau-suisse du gouvernement intègre désormais les certificats de tests et de vaccination. Cette nouvelle fonctionnalité, testée depuis un mois sur les vols vers la Corse, donne de premiers résultats encourageants : 70% des voyageurs utilisent l’application plutôt qu’un certificat papier. Selon Air France, ce pass sanitaire permet de gagner 1 à 2 minutes par passager au départ.

Plusieurs heures pour débarquer un avion

La situation est en revanche bien plus complexe à l'arrivée. "Nous avons une addition de contrôles qui sont imposés aux passagers en raison de la situation sanitaire : premier contrôle de police avec les passeports, puis test PCR obligatoire pour les gens qui viennent des pays écarlates (les 16 pays jugés les plus à risque*, ndlr), puis deuxième passage devant la police", a énuméré Augustin de Romanet. Résultat, selon ADP, sur certains vols, le débarquement peut prendre entre 1h30 et 4h.

*Les pays concernés par une quarantaine obligatoire de dix jours à l'arrivée en France sont l'Inde, le Brésil, l'Argentine, le Chili, l'Afrique du Sud, la Turquie, le Bangladesh, le Sri Lanka, le Pakistan, le Népal, les Émirats Arabes Unis, le Qatar, la Colombie, le Costa Rica, l'Uruguay et Bahreïn.

Les passagers qui arrivent en France doivent avoir effectué un test PCR 72 heures avant d'embarquer (ou un antigénique de moins de 36h). Il faut donc vérifier chaque certificat en plus des documents d’identité. Un calvaire administratif bien obligatoire au vu de la situation sanitaire mais qui peut être interminable dans certains cas particuliers : les autorités françaises ne reconnaissent pas automatiquement la fiabilité des tests de certains pays, notamment la zone Afrique. Autrement dit, les voyageurs qui arrivent de ces pays, bien que testés avant le départ, doivent parfois se plier à un nouveau test à l'arrivée en France.

Un sujet politique complexe

La question est désormais aussi économique que politique. ADP demande des renforts pour la police aux frontières et renvoie la balle au gouvernement. "Aujourd'hui ce qui est en haut de ma pile de préoccupations, c'est la discussion avec le ministère de l'Intérieur", a fait savoir Augustin de Romanet. Des négociations sont en effet en cours avec les équipes de Gérald Darmanin pour trouver une solution. Sur la question des effectifs, ils seront de toute façon augmentés comme tous les étés pour répondre à l'afflux de touristes.

Au-delà de ça, selon les informations d'Europe 1, rien n'a encore été acté mais l'idée de contrôles allégés tient la route. Il s'agit de trouver la bonne formule sachant que la propagation du Covid est encore très active dans certains pays. Par ailleurs, le ministère de l'Intérieur fait savoir qu'une discussion doit avoir lieu au niveau européen pour harmoniser les stratégies à adopter en fonction de la couleur des pays dans l'échelle du risque Covid (vert, orange, rouge, écarlate...).