Ferrari est officiellement sur la grille de départ à Wall Street. Fiat Chrysler Automobiles (FCA) a envoyé tous les documents nécessaires pour une cotation prochaine à la bourse new-yorkaise. Une opération boursière de grande ampleur qui va entraîner la scission de deux alliés historiques : Fiat et Ferrari faisaient cavaliers communs depuis 1969.
FCA dispose aujourd'hui de 90% de la marque italienne. Le groupe entend céder 10% de ce capital sur les marchés à Wall Street. Et le reste sera donné gratuitement aux actionnaires de FCA. Ce qui pose désormais une question : quel avenir pour Fiat, sans sa principale locomotive?
Ferrari, le cavalier locomotive. Ferrari se porte en effet très bien, avec un chiffre d'affaire en croissance continue (2,76 milliards d'euros en 2014) et une marge de 14%, contre 3,4% pour l'ensemble de Fiat Chrysler Automobiles. C'est simple, Ferrari est la troisième marque automobile la plus rentable, derrière Jaguar et Porsche. Ferrari ne représente certes que 3% du chiffre d'affaires du groupe Fiat… mais 12% de son résultat brut d'exploitation (le bénéfice avant paiement des impôts et des intérêts). En clair, c'est en partie grâce à la marque italienne que FCA fait des marges. Or, après la scission, Ferrari ne rapportera plus rien à Fiat.
De l'argent frais… La première raison à cette opération, c'est que FCA (qui possède aussi Alpha Romeo, Maserati et Chrysler) a besoin d'argent frais. Le groupe pâtit d'une dette de 10 milliards d'euros. Et il s'est engagé dans un plan d'investissement de 48 milliards entre 2013 et 2018. Or, en cédant 10% de ses actions à Wall Street, FCA va empocher 786 millions d'euros en cash.
"En outre, avec cette opération, Fiat va vendre l'équivalent de deux à trois milliards d'euros de dette à Ferrari", ajoute Gaëtan Toulemonde, analyste automobile à la Deutsche Bank, contacté par Europe 1. "Et surtout, le groupe a réussi à attirer de nombreux actionnaires en promettant, il y a un an, de céder 90% de ses actions Ferrari. Au final, c'est plutôt une belle opération", décrypte le spécialiste. Cerise sur le gâteau : depuis l'annonce de cette opération il y a un an, l'action FCA a doublé, passant de sept à 14 euros.
… Pour préparer l'avenir. Que faire désormais de cet argent frais ? Avec le départ de Ferrari, FCA n'aura plus de marque vraiment rentable, si ce n'est Jeep (Chrysler), qui cartonne aux Etats-Unis. La Fiat 500 tire bien les ventes de sa marque vers le haut, mais elle est bien seule. Et elle commence à vieillir. Le groupe espère notamment concurrencer BMW, Audi et Mercedes avec Alpha Romeo. Mais l'une des forces de la future Giulia, par exemple, est qu'elle dispose d'un moteur… construit à partir d'un moule Ferrari.
Pour véritablement décoller, FCA espère grossir. En arrivant à la tête du groupe en 2009, Sergio Marchionne estimait que le groupe devait vendre environ sept ou huit millions de voitures par an pour s'assurer une croissance à long terme. Or, FCA en vend tout juste un peu plus de quatre millions. Sergio Marchionne espère désormais se servir de son nouvel apport en cash pour attirer l'un de ses concurrents, dans l'optique d'une fusion. Approché au printemps dernier, General Motors a décliné l'offre. Mais selon les observateurs, le dirigeant italien n'aurait pas encore dit son dernier mot.