L'État vient au secours d'EDF. François Hollande réunit mercredi matin à l'Elysée plusieurs ministres pour trouver une solution à l'asphyxie financière de l'électricien, étranglé par 37 milliards d'euros de dettes. Au cœur du problème : le fameux EPR, ce réacteur dernière génération. Deux sont en projet de construction à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l'Angleterre.
Audacieux et risqué. Selon nos informations, le président de la République devrait donner son feu vert. Il devrait même demander au patron d’EDF, Jean-Bernard Lévy, d'enclencher le projet. Contrôlé à 85% par l'État, EDF va devoir se plier au choix stratégique de François Hollande. Et ce choix est aussi audacieux que risqué : financièrement, les EPR d’Hinkley Point coûteraient à l’entreprise plus de 16 milliards d’euros. À titre de comparaison, la valeur boursière de l'électricien est aujourd'hui de 22 milliards. Le risque est également technologique : aucun EPR ne fonctionne dans le monde et les risques n'ont jamais été évalués précisément.
À contre-courant. Sans compter que Hinkley Point apparaît à contre-courant de de la tendance mondiale, qui est plus à l'énergie verte qu'au nucléaire. La Chine par exemple, qui a d'énormes besoins énergétiques, a presque divisé ses programmes d'investissements dans le nucléaire par deux en cinq ans. L'avenir semble être les énergies renouvelables. Plus aucun pays, aucun acteur énergétique ne se lance dans des mises en chantier massives de réacteur nucléaire, à l'exception de la France.
La fermeture de Fessenheim confirmée. Toutefois, ce n'est pas parce que François Hollande pousse en faveur du projet Hinkley Point qu'il renonce à son engagement phare, celui de réduire la part du nucléaire dans l’électricité produite à 50%. Le président devrait même confirmer à Jean-Bernard Lévy mercredi la fermeture de la centrale de Fessenheim. Le patron d’EDF n'y est pas favorable, "mais ce n'est pas lui qui décide", tranche-t-on à l'Élysée. Le processus devrait donc être enclenché.
Hollande croit en la filière nucléaire. Reste que Fessenheim apparaît comme un compromis fait aux écologiste pour faire passer la pilule. Converti sur le tard à l'écologie, François Hollande n'a jamais cessé de croire dans la filière nucléaire. Constitutionnellement, politiquement, le président est forgé dans le socialisme productiviste et industriel. Et il n'y a pas renoncé. Même en réduisant sa part à 50% de l'électricité française, le chef de l'État fait du nucléaire le pilier de notre énergie pour le demi-siècle à venir. Au nom de l'indépendance énergétique, du coût maîtrisé pour les consommateurs et, par-dessus tout, au nom de l'environnement : le nucléaire, c’est "zéro" rejet de carbone dans l'atmosphère, aime ainsi à rappeler François Hollande.