Accusé d'avoir mis en place un vaste programme de fraude aux normes anti-pollution, Volkswagen pensait pouvoir tourner la page en nommant en septembre 2015 un nouveau patron en la personne de Matthias Müller. Sauf que ce dernier ne serait pas totalement étranger à cette manipulation : la
a annoncé mardi qu'elle le soupçonnait d'être au courant dès 2006. Bien que le constructeur automobile démente, il a mis de côté 2,2 milliards d'euros supplémentaires en cas de nouvelles poursuites.
Informé du scandale dès 2006 ? Avant de prendre les rênes de Volkswagen à l'automne 2015, Matthias Müller a travaillé chez Audi de 1977 à 2007. En tant que responsable de projet chez Audi en 2006, ce dernier a alors été alerté de la difficulté des ingénieurs de la marque à se conformer aux normes américaines sur les oxydes d'azote, avancent plusieurs plaintes déposées séparément par les procureurs généraux américains de New York et du Massachusetts.
"Aux alentours de juillet 2006, le problème de l'impact d'un réservoir d'urée réduit sur la conformité aux émissions standard avait été porté à l'attention de Martin Winterkorn, alors directeur général d'Audi AG, (...) et de 'H. Müller'", qui est, affirme la plainte de New York, la référence à Matthias Müller. Sur ce dernier point, le procureur américain dit fonder son accusation sur le témoignage d'un autre responsable du groupe. Pour faire des économies, le problème a finalement été résolu en installant des logiciels truqueurs mais aucune des deux plaintes, fondées sur des documents internes, des courriels et des témoignages, ne dit toutefois si Matthias Müller savait ou en avait autorisé l'utilisation.
VW dément mais se prépare. "Il n'y a aucune preuve crédible pour soutenir l'accusation contre Matthias Müller", a réagi auprès de l'AFP une porte-parole de Volkswagen, dénonçant un courriel "ambigu". En attendant, les informations contenues dans les plaintes contredisent les déclarations de Volkswagen, qui a rejeté la faute sur un petit groupe d'ingénieurs chargés du développement d'un nouveau moteur diesel.
Malgré ses démentis, Volkswagen a annoncé mercredi avoir mis de côté 2,2 milliards d'euros supplémentaire, "en grande partie liée à de nouveaux risques juridiques survenus principalement en Amérique du Nord" dans le cadre du scandale des moteurs truqués. Le constructeur automobile avait auparavant déjà provisionné quelques 16 milliards d'euros dans cette affaire.