Après ses annonces sociales de lundi, Emmanuel Macron a réuni mercredi à l'Elysée une centaine de chefs d'entreprises pour les mobiliser en faveur du pouvoir d'achat mais sans évoquer de mesures contraignantes ni un "effort spécifique pour les grandes entreprises" réclamé par Bruno Le Maire juste après. Lors d'une audition au Sénat, en sortant de la réunion à l'Elysée où il était présent, le ministre de l'Economie a déclaré que le financement des mesures sociales pourrait "passer par un effort spécifique demandé aux plus grandes entreprises".
Pas d'annonces en direction des salariés. A l'Elysée, Emmanuel Macron a donné la parole aux chefs d'entreprises pendant près de deux heures pour écouter leurs engagements. Il n'a évoqué ni nouvelles taxes - répétant qu'il n'était pas question de "détricoter" les réformes menées depuis 2017, comme la suppression de l'ISF - ni la lutte contre "les avantages indus et l'évasion fiscale", citée dans son discours de lundi. "On a pas vocation à augmenter les taxes", a souligné l'Elysée. Emmanuel Macron n'a pas non plus évoqué un report de la transformation du CICE en baisses de charges, prévue l'an prochain. Contrairement à sa réunion de mardi avec les banques, dont le chef de l'Etat a obtenu des concessions immédiates comme le gel des frais bancaires, cette rencontre n'a pas donné lieu à des annonces pour les salariés. Mais une nouvelle réunion aura lieu en janvier pour "faire un point d'étape sur les mesures les plus concrètes", a promis l'Elysée, qui évoque l'idée de tarifs réduits pour les "publics les plus fragiles", par exemple dans les télécoms. "Les entreprises ont compris l'enjeu de la situation", assure la présidence.
"Le président a écouté tout le monde". Dans le même esprit, le président de la République réunira assureurs et mutuelles la semaine prochaine pour leur demander des efforts permettant de "réduire les dépenses contraintes" des Français. L'Elysée veut aussi constituer un "club des 100" principales entreprises, département par département, pour leur demander des efforts volontaires. "Le président a écouté tout le monde, il nous a demandé les efforts que nous étions prêts à faire mais n'a fait aucune annonce", a indiqué à la sortie le président de Nexity Alain Dinin, l'un des rares chefs d'entreprises à s'exprimer après la réunion. Le patron d'Orange Stéphane Richard a confirmé son engagement à verser une prime défiscalisée à ses salariés qui gagnent moins de 2.500 euros. D'autres entreprises ont expliqué comment elles comptaient aider la mobilité de leurs salariés. "Les patrons sentent qu'il ne passe quelque chose", a commenté un dirigeant de Solvay. "Beaucoup d'entreprises ont perçu que nous sommes dans un moment grave", selon un autre patron.