La journée est importante pour les salariés de l'usine GM&S à La Souterraine, dans la Creuse. Jeudi matin, le PDG du groupe GMD, le repreneur potentiel, doit rencontrer les ouvriers, et leur exposer son plan de reprise avant la décision du tribunal de commerce de Poitiers lundi prochain. Quel sera l'avenir de cette entreprise, qui existe depuis plus de 50 ans ? Aujourd'hui, Bernard Godefroy, l'homme qui a créé GM&S, est en colère, consterné par le sort de son ancienne entreprise. Europe 1 est allé à sa rencontre.
Trop de repreneurs et pas d'investissement. "Aujourd'hui, ce que j'ai créé est en train de crever", lâche cet homme de 77 ans, les yeux embués. Bernard Godefroy se rappelle des années 80, de cette usine qui tournait alors jour et nuit, et qui embauchait près de 700 salariés. Dans quelques semaines, il pourrait n'en rester que 120. La faute, selon lui, à de multiples repreneurs. Depuis qu'il l'a vendue il y a 25 ans, l'entreprise a en effet changé de mains sept fois. Des Britanniques, des Italiens, des fonds de pension, des entrepreneurs véreux… Mais jamais un sou d'investissement. "Les machines que j'ai achetées sont encore là", s'énerve le retraité. "Les repreneurs étaient des financiers. Ils sont venus faire cracher du sang à l'entreprise. Et voilà où on en est", peste-t-il.
Bernard Godefroy pense aussi à ses salariés. Beaucoup de ceux qu'il a connus sont encore chez GM&S. "Je ne peux pas vous dire ce que j'ai sur le cœur, sinon tout le monde va me tomber dessus", glisse-t-il. L'ancien patron ne dira rien non plus sur le possible repreneur. "Je ne le connais pas", dit Bernard Godefroy, avant d'ajouter dans un sourire : "Mais s'il veut me rencontrer, ce sera avec plaisir".