Défiance, menace de Grexit... Les ministres des Finances de la zone euro peinaient samedi à avancer vers un éventuel sauvetage financier de la Grèce, à laquelle ils réclamaient des garanties pour renouer le fil du dialogue. Après un début laborieux, bloqué "sur le manque de confiance", selon une source proche des discussions, les discussions se focalisaient dans la soirée sur "ce qu'on attend exactement des Grecs", selon un responsable européen. "Nous allons coucher par écrit ce qu'on veut entendre des Grecs", a déclaré une source européenne. Ces garanties pourraient être de forme "économique et aussi politique", alors que le gouvernement grec de gauche radicale s'est déja engagé à légiférer rapidement sur les points les plus sensibles, à savoir les mesures frappant les retraites et le relèvement du taux de TVA, selon une source proche des négociations. En guise de compromis, Berlin envisage une sortie temporaire de la Grèce de l'euro pendant 5 ans.
Les principales informations à retenir :
- Le Parlement d'Athènes a accordé son feu vert aux dernières propositions de Tsipras
- Les réformes "ne suffisent pas" encore à convaincre tous les créanciers
- Deux sommets européens se tiennent ce weekend
- Berlin envisage une sortie temporaire de la Grèce de l'euro pendant 5 ans
Le "nai" des députés. C'est un large feu vert qu'a obtenu Alexis Tsipras au Parlement grec dans la nuit de vendredi à samedi. Les députés devaient se prononcer sur les nouvelles propositions faites dans la semaine par le Premier ministre à ses créanciers. Le texte a été approuvé à 251 voix sur 300. Mais parmi les opposants, on compte notamment des élus de Syriza, le parti de gauche radicale du Premier ministre : huit se sont abstenus, deux ont voté contre et sept étaient absents lors du vote, dont l'ex-ministre des Finances Yanis Varoufakis. L'opposition socialiste et conservatrice a largement soutenu le texte.
Un nouveau texte "positif"... Les nouvelles propositions de Tsipras sont en effet "loin" de ses promesses de campagne et reprennent les grandes lignes de ce que souhaitaient les créanciers, globalement optimistes. Vendredi dans la soirée, une source européenne a d'ailleurs affirmé que les trois institutions créancières (l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international) jugeaient la proposition d'Athènes "positive", et qu'elle constituait "une base de négociation" en vue d'un troisième plan d'aide au pays d'un montant de 74 milliards d'euros.
Plusieurs responsables de la zone euro, comme François Hollande, se sont dits optimistes. Le président français a estimé que la feuille de route proposé par Athènes est un "programme sérieux et crédible". Alexis Tsipras s'est désormais rallié la France, l'Italie, l'Espagne et le Luxembourg. Même le FMI et la BCE semblent juger positive sa proposition d'accord.
... Mais qui ne suffit pas. Hausse de la TVA dans les îles et la restauration, fin de la plupart des systèmes de retraites anticipées, hausse de l'impôt sur les sociétés, privatisation des télécommunications... Afin d'obtenir un nouveau plan d'aide, Alexis Tsipras propose finalement une nouvelle cure d'austérité au pays, telle que le souhaitait ses créanciers. En échange, il demande un plan d'aide de 53,5 milliards d'euros sur trois ans, et surtout une restructuration de la dette.
Or, les créanciers les plus exigeants refusent de s'engager sur une période aussi longue et de renégocier la dette. L'Allemagne, les pays nordiques, les pays baltes et d'Europe centrale semblent opposés à une restructuration. "Plusieurs gouvernements, dont le mien, ont de sérieux doutes sur l'engagement du gouvernement grec et sur sa capacité à mettre en oeuvre" les réformes proposées a ainsi fait savoir samedi le secrétaire d'Etat aux Finances néerlandais, Eric Wiebes.
Un dénouement ce weekend ? Une réunion s'est tenue samedi et une autre doit avoir lieu dimanche. L'Eurogroupe doit théoriquement avancer dans les discussions sur un éventuel troisième plan de sauvetage financier de la Grèce avant un sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union prévu dimanche soir, censé, dans le meilleur des cas, redonner de l'élan à la recherche d'une sortie de crise.
Faute d'accord, ce sommet pourrait faire dériver un peu plus la Grèce vers un "Grexit", la sortie du pays de la zone euro, redoutée par nombre de dirigeants européens. Selon une source européenne au fait des discussions, l'Allemagne fait désormais figurer dans les options celle d'une sortie temporaire de la Grèce de la monnaie unique, d'une durée de cinq ans, si le pays n'améliore pas ses propositions de réformes. Le sujet n'a toutefois pas été abordé samedi à Bruxelles.