La zone euro n’a toujours pas donné son feu vert au déboursement de 2 milliards d'euros promis à la Grèce. Cette aide aurait dû être versée en octobre mais il reste de persistantes divergences avec Athènes sur la mise en place des réformes, notamment sur la question des saisies immobilières. La réunion mensuelle des ministres des Finances de la zone euro (l'Eurogroupe), qui se tient lundi, n’a pas abouti à un compromis malgré les nombreuses discussions ces derniers jours entre le gouvernement d’Alexis Tsipras et ses créanciers.
Qu’est-ce qui bloque exactement ? "Le temps est compté, il faut au plus vite compléter la liste" des mesures requises pour le déblocage de ces 2 milliards d'euros, a exhorté lundi Jeroen Dijsselbloem, le patron de l'Eurogroupe. Principal point d'achoppement : les saisies immobilières, un sujet politiquement difficile pour la coalition gouvernementale grecque, dominée par le parti de la gauche radicale Syriza.
Les créanciers réclament des mesures pour faciliter les saisies immobilières des Grecs qui ne parviennent pas à rembourser leur dette. Mais Athènes veut maintenir certaines dispositions permettant de protéger la majorité des ménages endettés. Les discussions portent concrètement sur la valeur-plafond en-dessous de laquelle une résidence principale ne pourra pas être saisie, et sur les revenus des ménages concernés.
Parmi les autres désaccords, plus secondaires : le traitement des contribuables remboursant avec retard des arriérés d'impôts, une taxe sur les écoles privées et une taxe les tarifs minima des médicaments.
La France soutient plutôt la Grèce. Athènes se montrait optimiste lundi, convaincue d’un accord dans les prochaines heures. Pour Bercy, également, il ne faut pas en demander trop à la Grèce sur ce sujet-là. Il est "étrange" d'"exiger de la Grèce plus que ce qui existe" dans les pays créanciers, a plaidé le ministre français des Finances Michel Sapin, jugeant "parfaitement possible" d'aboutir à un accord lundi sur la poursuite du programme d'aide. De son côté, Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques, s'est dit "raisonnablement optimiste" sur la perspective d'un accord "sinon aujourd'hui, du moins dans les prochains jours".
Il va falloir aller vite. Une décision rapide est dans tous les cas nécessaire. Principale urgence : mettre en place une nouvelle gouvernance bancaire, afin d'entamer le processus de recapitalisation des banques grecques, dont la situation financière s'est nettement dégradée avec la crise et la fuite des capitaux. "C'est notre première priorité", a souligné Jeroen Dijsselbloem. La zone euro a mis de côté une enveloppe de 10 milliards d'euros pour les banques grecques, dans le cadre du plan d'aide de 86 milliards décidé cet été, mais compte également sur l'intervention d'investisseurs privés. Selon un bilan réalisé par la Banque centrale européenne, les quatre principales banques privées grecques (Alpha Bank, Eurobank, NBG et Piraeus Bank) ont besoin d'au plus 14,4 milliards d'euros.
Et après ? Le gouvernement grec devra également adopter d'ici à la fin de l'année un deuxième train de mesures pour compléter les "mesures préliminaires" réclamées jusqu'ici. L'autre grande échéance pour Athènes sera la conclusion d'une première évaluation de son programme de réformes, effectuée par ses créanciers (UE et FMI) et espérée avant fin 2015. Celle-ci devrait officiellement débuter ce lundi, selon une source proche des discussions. Une fois cette étape franchie, les discussions sur une restructuration de la colossale dette grecque - cruciales aux yeux du gouvernement Tsipras - pourront débuter.