Quand presque plus aucun train ne circule, ce qui est le cas lors de cette grève contre la réforme des retraites, les premiers gagnants sont ceux qui offrent des solutions alternatives pour se déplacer. Certaines entreprises ont ainsi noué des partenariats avec la RATP, la régie ayant proposé de nombreux codes de promotions pour des services de locations de vélos, de trottinettes ou de chauffeurs. D'ailleurs, prendre un VTC coûte de plus en plus cher, la demande ayant parfois triplé sur certaines tranches horaires. Les applications de covoiturage ont elles aussi profité de la grève. BlaBlaCar a par exemple vu ses réservations multipliées par dix certains jours.
Il faut aussi mentionner les autocars, qui ont été pris d'assaut. Flixbus, le leader du marché, a vu sa fréquentation grimper à 700.000 passagers en deux semaines contre 200.000 habituellement. On peut aussi signaler l’engouement pour les solutions de garde d'enfants, les achats d'imprimantes pour ceux qui peuvent télétravailler ou encore la fréquentation en hausse des espaces de coworking.
Pas de risques sur la croissance, mais des pertes au niveau local
Si la grève fait des heureux, elle fait aussi des mécontents, sans qu'il n'y ait pour autant de pertes globales à prévoir. Ni l'Insee, ni la Banque de France, n'ont revu leurs prévisions de croissance pour ce trimestre, estimée à 0.2%. Ce n'est pas la première fois qu'une grève touche le pays et, comme en 1995, l'anticipation a été faite bien en amont de décembre. Le long conflit social, qui avait pour revendication l'abandon du plan Juppé, avait duré plusieurs semaines en novembre et décembre, mais n'avait coûté au maximum que 0,2 points de PIB. C'est-à-dire quasiment rien. Grâce au numérique, la grève de 2019 devrait même avoir moins de conséquences économiques qu'en 1995.
En revanche, l'impact peut être très élevé localement. Dans les grandes villes touchées comme Paris, le commerce peut voir son chiffre d'affaire baisser de 15%, l’hôtellerie de 20 à 30%, sans parler des lieux culturels et touristiques. Début décembre, Marcel Benezet, président de la branche Cafés Bars Brasseries du Groupement national hôtellerie-restauration, s'alarmait sur notre plateau, expliquant qu'à Noël, "il y aura très peu de bars et de restaurants ouverts".