Plus 5% en un an. Les crédits à la consommation sont en très forte hausse. De là à y voir un signe que, oui, la France va mieux comme l'assurait François Hollande à la mi mai sur notre antenne, il n'y a qu'un pas... que Nathalie Damery, présidente de l’Observatoire Société et Consommation, invitée sur Europe 1 mardi, ne franchit pas.
Un "retour de la confiance" à modérer. "Selon les indicateurs de l'économie, cela peut-être le signe d'un mieux, ou en tout cas d'un retour de la confiance", admet la spécialiste. Mais attention, avertit-elle, cette analyse est un peu classique. "Il n'y a pas de lien forcément" entre la confiance et la hausse du crédit à la consommation. "Le pouvoir d'achat est très contraint depuis 2000. Cela fait 16 ans qu'il stagne. Le couple 'j'emprunte, je rembourse' sans trop de difficulté parce que le pouvoir d'achat le permet, on sait que ce n'est pas vrai."
"Mensualisations". Mais le pouvoir d'achat n'est pas le seul bémol. "Quand on regarde ce qui explique l'augmentation des crédits, on constate qu'il s'agit de locations avec option d'achat." On n'achète plus, on loue, par exemple une voiture. "Cela permet une plus grande souplesse, on peut changer de véhicule, l'entretien est compris". D'autant, souligne Nathalie Damery, que les consommateurs "résonnent par mensualisation et non plus par taux de crédit". Un signe qui exprime plus la vie au jour le jour que la projection vers l'avenir.
"Economie de la pauvreté". S'ajoute à ce constat celui de la hausse des prêts personnels. "C'est beaucoup plus inquiétant. Il s'agit d'emprunts pour faire face, soit pour acheter une voiture d'occasion ou un frigo qui tombe en panne. Et ça, c'est un peu une économie de la pauvreté." Le prêt personnel est préféré au fait de puiser dans son épargne. "C'est là que l'on voit qu'il ne s'agit pas vraiment d'un signe de confiance. Toutefois, les crédits augmentent à un rythme inédit depuis six ans alors qu'ils s'étaient effondrés avec la crise de 2008. Une note d'optimisme.
L'Euro pour favoriser la reprise ? "On ne peut pas être contraint tout le temps" et avoir envie de la même chose que son voisin ou de se faire plaisir. Il s'agirait alors d'une "économie de rattrapage".
A l’inverse des périodes d'attentat qui avaient été un frein à la consommation, il est aussi possible que les événements festifs comme l'Euro de football créent un effet de liesse et boostent l'économie.